lundi 11 mai 2015

Fantôme: tome un


Fente'home  heaume sweet home
Une faille, une fente: un fantôme en heaume s'y glisse, s'y plisse. Incognito, transparent, ni vu, ni connu.
Drapé, nappé de blanc, comme neige; comme une congère, il occupe les lieux, non-lieux-dits, écrits.
Condensé d'écritures multiples, c'est le remplaçant, la doublure de tant de livres qui se délivrent, s'enfuient chez les uns chez les autres.Plissés de pages, plissés de linceuls, de voiles, il va falloir, qu'à la sortie de son rayon de prêt à porter, à lire,, il se repasse: un coup de fer contre les faux plis!
La vie dans les plis, ceux qui de bois ne peuvent plier.
Trop de boulot ici à ne rien faire. Simuler le livre faussaire dans les rayons, entre deux beaux bouquins, solidement amarrés, bien à leur place. Usurpateur!
Lui, il file de rayon en rayon comme une abeille. Il se déplace, danse, glisse au gré des envies des lecteurs ou du bibliothécaire. Comme un ange dans un bruissement d'ailes.
Le fantôme s'en paye une bonne tranche sous sa couverture blanche!
Langue de bois, il fait silence et tient secret, comme l'armoire qui autrefois et jadis, engrangeait les murmures, susurres et didascalies des domestiques qui vociféraient contre leurs maîtres!

Langue de bois

Et si l'on tenait congrès, fantômes,: se réunir, se serrer pour se tenir chaud, brûler ensemble, se conter des histoires de doublures!
"Moi, j'ai occupé la place de Pantagruel: gargantuesque!
"Et moi, celle de "Plume": une vraie envolée!
"Fine tranche ou pléiade de volumes, on fait bien acte de présence" dit le syndiqué!
"Sans compter que l'on maintient droit et rectiligne, l'édifice délicat des rangées d'ouvrages: en batterie, alignés comme les cygnes du Lac!"
"Et trouvez nous, nous sommes parfois invisibles, dissimulés, cachés entre deux masses de livres occultes!"
"On se sent léporello, : si l'on pouvait se déplier, s'ouvrir, s'étirer pour un bon échauffement: on se sent hop-hop parfois avec volants, baldaquins et frou-frou!"
"Mais on doit se refermer, discrets, ne pas sauter aux yeux du lecteur, modestes travailleurs de l'ombre"

Fantômes, je vous pourchasse, je vous traque!
Qui va à la chasse perd sa place: un livre revient au port: tien, un "revenant" !: trop tard, la place est prise! Vous êtes dans de beaux draps dans vos armoires à livres!


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