mardi 17 novembre 2015

C'était au Bataclan, "Zoopsie comedi" ....Un "beau geste" !!!!



C'était déjà une aventure. En 1986, lorsque Zoopsie Comedi déplia ses deux immenses éventails sur le plateau du Bataclan, à Paris, l'entreprise ressemblait à un coup d'éclat. Visez plutôt : un divertissement (en pleine vague "sérieuse" de la jeune danse contemporaine), costumé par Christian Lacroix (chic) et conçu par deux collectifs de danseurs (vive l'utopie). Soit quinze interprètes en scène, quatre musiciens, et, au total, vingt et un auteurs déclarés.

Vingt-trois ans plus tard, c'est la résurrection des Zoops au Théâtre de Suresnes. Une folie de son directeur, Olivier Meyer, qui a concrétisé son rêve. Avec Lacroix et deux chorégraphes de la bande originelle, Dominique Boivin et Dominique Rebaud, a été remontée cette revue chorégraphique et musicale insouciante et frondeuse, directe dans sa façon de prendre son pied sans complexe.
Et voilà le travail ! Les éventails battent gentiment de la pale devant le grand escalier, translucide comme le veut le music-hall. Les deux personnages principaux - le magicien à grimaces (Kevin Mischel alias Kevpop) et son majordome trop nerveux (John Degois) - se disloquent comme des hommes-caoutchouc et c'est impeccable. La bombe blonde platine (Katia Petrowick) joue les jolis coeurs et mieux encore.

Appétissants comme des bonbons dans les soixante-dix costumes frais cousus par Lacroix, les douze jeunes danseurs se distinguent par leur combativité à endosser, vite fait, bien fait, la garde-robe chorégraphique bigarrée de Zoopsie Comedi. En quatorze tableaux, on cavale autour du monde à saute-mouton sur les traces du trio d'enfer. De l'Egypte où l'on file de profil à l'Espagne pour une pausepalmas (claquement des mains) en surfant sur une vague tahitienne gonflée comme une vahiné, tous les styles de danse se télescopent.
L'esthétique "zoop", entre bande dessinée pour la définition graphique du mouvement et carte postale pour l'exotisme multicolore, profite d'une partition musicale secouée. Violons à suspense comme aucinéma, charcutage bruitiste, incursions jazz, chansonnettes pop... déroulent le tapis rouge.
Si les costumes d'une belle fantaisie, la tendance "United colours of dance", sonnent moins offensifs, moins inventifs aujourd'hui qu'hier - ils ont fait des petits -, leur fraîcheur et leur vitalité, leur modestie aussi, tiennent drôlement le coup. Vingt-trois ans après, la danse des palmes ou le numéro de claquettes des chevaliers en armure passent la rampe sans nostalgie.
La défense d'un populaire décomplexé, la tolérance artistique, au coeur de Zoopsie Comedi, n'en restent pas moins toujours d'actualité. Quant à la tendance du divertissement, de plus en plus forte aujourd'hui et à laquelle émarge finement cette comédie pop, elle va évidemment profiter au spectacle.
La résurrection de Zoopsie Comedi est un phénomène dans la production actuelle. Le scénario commence comme une lubie. Olivier Meyer rencontre Lacroix qui vient d'exposer des croquis de Zoopsie Comedi. Et roule ! Les chorégraphes en restent comme deux ronds de flanc : "Dans les années 1980, on était en quelque sorte formaté pour créer, pas pour revenir sur nos pas, glisse en riant Dominique Rebaud. Franchement, on n'y croyait pas. Surtout qu'on n'avait aucune munition à part des photos et la maquette du décor."
Gouaille piquante
Chasse aux Zoops ! Une vieille cassette vidéo VHS est retrouvée au fond d'une caisse, la bande-son dans le grenier de la grand-mère du compositeur Thierry Azam. Quelques interprètes des deux collectifs retranscrivent la chorégraphie à partir de la vidéo et remplissent les blancs lorsque la bande a été effacée. Intelligence partagée du collectif... Autre époque. Deux cent cinquante danseurs se sont présentés pour l'audition au Théâtre de Suresnes en mars. Douze, dont huit hip-hopeurs, ont été choisis. Aussi bons danseurs qu'acteurs, ils portent leur personnage avec une gouaille piquante jusqu'au bout des mimiques.
Au fait, que signifie exactement "zoopsie", et pour quelles raisons "comedi" ne prend-elle pas de "e" ? Le "e" en moins, c'est pour le clin d'oeil. La zoopsie, en revanche, est une hallucination au cours de laquelle la personne voit des animaux, en général des serpents ou des insectes. Mais pas seulement. Une gorgée de la potion magique du magicien et l'on voit la vie en rose côté zoop.


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