mercredi 4 novembre 2015

"CommunExtase": Christophe Haleb et "L'Etre Ensemble": Utopie, je danse ton nom!


Ils sont déjà sur le plateau, ils nous attendent, quatre danseurs, trois hommes, une femme: de quel "genre", de quel "sexe", torse nu, en short, cool.........
La scène occupée par des panneaux où sont projetées des images vidéo d'immeubles, de visages en gros plans: la cité et l'homme, l'occupation des sols, les êtres en errance, les regards fixes.
Nos quatre as "mimiquent", posent "voguing", sourient, minaudent puis tout démarre dans le noir.
Ode à la communauté, manifeste d'utopie, ce "non lieu" imaginaire où les corps auraient droit à la libre circulation des idées, des pensées et des comportements!


Utopie, j'écris ton nom, je crie ton appellation en rêvant d'être ensemble dans des mêlées et entrelacs de corps, dans une lutte sportive et sensuelle, dans un affrontement quasi "hippie" des peaux sur les peaux, des nus sur les nus.Torses nus d'ailleurs à l'envi, comme dans la chaleur opaque de la nature toute crue.
Crudité, jamais cruauté des images qui se font et défont comme une tapisserie à la Pénélope.
Une atmosphère comme dans un musée fermé le soir où quatre Belphégor errent, déambulent, adoptent des poses comme dans les frises ou les vases grecs: les corps glorieux, beaux, plastiques qui forment des sculptures en marche, vivantes, des architectures mouvantes qui évoluent lentement
Empilement de mains comme une vis en image vidéo qui tourne et détricote la spirale du temps.Construction, déconstruction, la danse et les divagations de ces quatre personnages évoquent aussi le monde perdu, expressionniste de l'histoire de la danse: cavalcade, ronde effrénée des danseurs sur une musique surannée qui évoque la sarabande d'Harald Kreutzberg dans un film de Murnau ou Fritz Lang!


Christophe Haleb nous offre une pièce plus "sage" plus tranquille que d'autres en référence où folie, explosions, régnaient en diable pour faire éclater les frontières, légitimer les différences et créer une communauté hybride joyeuse, houleuse, excentrique.
Les mots s’enchaînent aussi pour exprimer ceci, une séquence où la danseuse nue chante et fredonne "Oh Solitude" de Purcell et le tour est joué
Le fantasme de la beauté retrouvé, de l'utopie encadrée d'images vidéo floutées, dans un bleu tendre et assagi. La poésie est singulière, les corps la transportent, la véhiculent et se jouent dans un immense échiquier empli de vases de verre de Saint Louis ou Baccarat: le musée des beaux Arts s'est enrichi cette nuit là d'une collection où il fait bon être là comme dans un magasin de porcelaine à errer et danser autour, avec ses objets symboles de richesse, de transparence très travaillée, de poids de la tradition

Mais ils sont aussi transformés en filtre de lumière, en sculptures modulables semblables à des Miro ou Max Ernst!
Musée de la pensée, cirque des corps qui divaguent, heureux, pensifs, alors que tête en bas sur un panneau, une image vidéo offre à loisir la vision d'un corps nu, en l'envers , tête en bas façon Baselitz!
"CommunExtase" c'est l'intime-extime, le "genre" bon ou mauvais revisité dans un vocabulaire gestuel simple et décryptable, dictionnaire amoureux de la danse, de la vie, de la communauté de communes équitable et participative comme on l'envie, comme on la rêve
Alors, bon voyage et bonne nuit, à refaire le monde et jouir sans cesse d'un paradis terrestre digne des plus belles danses du Monte Vérita et des utopies physiques et spirituelles des siècles passés!
La Zouze, nomade et voyageuse, perfide et tendre, révolutionnaire et pacifiste, incisive, impertinente, incorrecte,c'est comme cela qu'on l'aime!

A Pôle Sud Strasbourg le 3 Novembre dernier

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