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Lorsque Rivette tourne Haut Bas Fragile, en 1995 cela faisait longtemps qu'il rêvait de faire une comédie musicale ; d'ailleurs Anna Karina qui joue le rôle de la mère fantasmée de Ida (Laurence Côte), devait tenir le rôle principal d'une des quatre " Filles du feu ", ce groupe de films, au milieu des années soixante-dix, qui devait comporter un musical (jamais tourné). Evidemment, Haut Bas Fragile - titre qui résume magnifiquement la tonalité même de l'univers rivettien - rend aussi hommage aux comédies musicales américaines des années cinquante que Rivette a découvertes et adorées à l'époque où il était critique aux Cahiers du cinéma, et notamment aux "petits" films de Charles Walters.
La nouveauté donc, dans ce film, ce sont les numéros dansants et chantés qui récapitulent à chaque fois l'un des noeuds de l'intrigue : apprentissage de l'amour, de l'amitié, de l'âge adulte. Mais la nouveauté, c'est surtout que, pour la première fois dans l'oeuvre de Rivette, constamment habitée, depuis Paris nous appartient, par l'obsession des sociétés secrètes et de la manipulation, le fin mot du mystère ne réside plus dans un quelconque complot mondial, réel et/ou imaginaire, mais dans un secret de famille. En effet, chacune des trois héroïnes de Haut Bas Fragile se débat avec des questions de filiation (de quoi mon père est-il coupable ? qui est ma "vraie" mère ?) qui, à l'issue du film, devront être déplacées pour qu'elles commencent, enfin, à vivre. En ce sens, Haut Bas Fragile ouvre la voie à Secret Défense, entièrement centré sur une tragédie familiale, mais aussi à Va savoir, qui renonce complètement à la mythologie rivettienne du complot mondial. On peut donc dire qu'avec Haut Bas Fragile, Rivette, comme ses trois héroïnes, décide de "changer de jeu"
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