lundi 6 février 2017

Gael Sesboué au MAMCS : un leurre au musée ! intrus ou bienvenu ?

"Faux mouvements"
Par un bel après midi d'ouverture libre de droit d'entrée au public strasbourgeois, dans une des salles d'exposition, commence quelque chose de bizarre, d'intriguant: un jeune homme au comportement singulier, en apparence anodin, va bousculer les lois du réel, en direct, de front, parmi le public dispersé des visiteurs, occupés dans la contemplation des œuvres exposées.
Une certaine rigueur, rigidité chez ce visiteur, en tee shirt banalisé, baskets, aux pieds, Rien d'anormal à priori, sauf sa détermination: marches et changements de direction inopportuns, inopinés...Dans une salle d'exposition, tracer direct ou s'arrêter subitement, n'est pas convenu, plutôt surprenant. Alors on devine un leurre, une supercherie dans cette présence singulière;il marche, se faufile, distrait un public non averti, ou fascine ceux qui complices participent à la mise en scène!
Gael Sesboué est bien "invité" ici à faire une performance, in situ, résultat ou aboutissement d'une résidence au milieu de l'oeuvre de Hans Arp! On en devine aisément la source de ces gestes entrelacés auprès d'un autre corps qui entre dans le jeu:; espaces, interstices, comme dans les sculptures de Arp, façonne en ronde bosse, ce duo masculin, forme évolutive et instable.
Silences, immobilité, ici le recueillement est de mise. On les regarde comme une sculpture qui se fait et se défait.A l'envi. Auparavant sa solitude, égrenée dans les salles, le fait chuter au sol: ici il se redresse et ne surprend plus. "Fernand" comme chez Odile Duboc où tout bascule chez le quidam, le faux monsieur tout le monde qui soudain s'agite ou fait "un faux mouvement"? A sa façon, Gael Sesboué se positionne dans l'art de la performance, surprise, dans l'attention, et la tension du moment.
Et tout se "termine" dans un épilogue sans fin: interruption de la magie des mouvements, aller et venues du danseur, statuaire du duo.
photo robert becker 





Belle initiative qui renoue avec ses premières tentatives de performances de Trisha Brown, des Dupuy, amenant la danse au musée de façon naturelle et complice: art plastique, art du temps au delà de la simple représentation: sans titre, pas de prêteur ni d'origine aux gestes sans cimaises de deux corps vivants, dans l'éphémère sans la pérennité d'une oeuvre exposée, sans début ni fin.

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