"En 2001, Théâtre Lumière fête ses 10 ans et, qui plus est, en très bonne compagnie. Nous débuterons ce millénaire avec Boris Vian, dit Vernon Sullivan ou Bison Ravi. En effet, nous avons voulu passer ce cap dans un esprit festif, ludique, pétillant, musical, enjoué, sincère et profond, en nous immergeant au coeur de l’oeuvre de Monsieur Boris Vian, artiste, poète, musicien et auteur génial et inclassable.
Plus qu’un simple écrivain, il est l’incarnation de la liberté, de la fantaisie et de l’intelligence, une sorte de rebelle de l’âme. Par sa sensibilité, son originalité, et son exploration au plus profond des êtres, il s’inscrit au plus juste du projet artistique de la Compagnie, engagé il y a maintenant 10 ans.
L’Amour Amore met en scène les personnages-clefs de son roman culte « L’Ecume des jours ».
Les deux thématiques majeures développées dans le montage des textes qui est proposé sont l’Amour (Vian dans son rapport aux femmes) et la Mort (Vian se savait condamné, d’où son urgence à vivre et à aimer). Ce spectacle nous fait voyager à l’intérieur d’une mosaïque de sentiments où les différents personnages, à travers les textes et les chansons de Vian, ne cesseront de partager, de vibrer et de s’aimer. Bref, de vivre intensément, de survivre en quelque sorte à leur propre existence, en nous parlant du plus secret et du plus intime : l’Amour, la Mort."
Au cours de ce spectacle, Christophe Feltz accompagné de Grégory Ott et de son piano, mettent en avant le rapport au Monde, aux Êtres et à la Vie de ce poète et écrivain du XXème siècle.
Ensemble, ils parcourent les textes cultes de Boris Vian tels que Le déserteur, La java des bombes atomiques, J’suis snob, Je voudrais pas crever, La complainte du progrès, Je bois, On n’est pas là pour se faire engueuler, Chronique du menteur.
Alors ça swingue, zazou, da dou da dou da, ce soir au Café Brant en compagnie de deux "dandys", bon chic bon genre, pas sages du tout ! On y écume les jours et les nuits coquines, musicales et poétiques en hommage à Boris Vian !
Plus de cent spectateurs ce soir dans une chaleureuse ambiance brasserie!
Tout démarre après le service: ce montage de poésie, textes de chansons de Boris Vian, une heure durant va nous tenir en haleine, en suspension, en apnée tant le charme opère d'emblée.
Aux côtés de Christophe Feltz, Grégory Ott, fidèle compagnon de route, pianiste, compositeur.Fin du ballet des serveurs, début de la valse des mots, des rimes, des vers....Serions-nous au café de Flore?
"Je voudrais pas crever" entame ce voyage au long court dans l'oeuvre et les univers de Vian. Toute une panoplie de genres, de textes plus truculents ou croustillants les uns que les autres. Et ce qu'il y a de curieux et de remarquable, c'est que, raconté, lu, dit sans la musique qui s'y réfère, tout étonne, surprend: ce n'est plus "La complainte des temps modernes" ou "Le déserteur" que l'on reconnait, c'est la tension des textes, le sens, la magie surréaliste des contenus. Épatant, médusant leurre! Mais où sont les chansons de Vian? Dans le texte, dans la voix, sur les lèvres du récitant, du conteur que devient alors le comédien qui raconte, qui vibre, s'enflamme "dans la rue", qui "veut une vie" qui "n'aime pas les femmes"!
Déclamations, ponctuées ou surlignées par les interventions musicales très pertinentes de Grégory Ott qui se fond dans ce jeu malin, coquin, parmi cette écriture élégante, très "snob", sous le signe de l'inventaire, du récit. C'est "la java des bombes atomiques" qui surprend le plus tant le rythme l'emportait sur le texte dans la version chantée, alors qu'ici dans notre cas de figure, c'est le personnage qui l'emporte! Du burlesque, du bizarre, de l'incongru, de l'absurde dans ce beau paysage pas sage de Vian, brossé à coup de gueule, de touches pianistiques par nos deux compères si proches, si en osmose."Tango des bouchers de la Villette", "Cinématographe", "Jonny fais moi mal", "Je bois": on prend le temps de vivre, de "défiler", d'être "Igor", le slave et l'on s'en régale: quelle galerie de portraits revisités par Christophe Feltz qui manie ici fantaisie, gravité, sérieux en savant cocktail à consommer sans modération.
La présence au sein de la Brasserie de ces deux artistes, routiers aguéris de la scène et de l'animation fut un régal, un moment de partage de redécouverte de l'oeuvre très poétique, très mordante et sans concession d'un auteur de charme qui sans cesse surprend et séduit, enchante et déconcerte aussi. Ça danse chez Vian, de valse en tango et le comédien de rythmer son spectacle de façon cavalière et enjouée, vive et engagée: pour le bonheur de ceux qui en empathie sont venus ce soir là, du Vian dans les voiles!
Prochaine "cible" de Christophe Feltz: Jean Yanne: ça va saigner !!
le 29 MARS 20H au café Brant !
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