Inauguration du festival "Extra-Danse" ce soir là à Pôle Sud CDC pour une soirée festive et "grand format"!
Un festival sous le signe de la multi-culturalité, des formes de danses tout azimut dont la"traditionnelle" danse festive qui rassemble, unit, et met en mode "choral" la communauté des spectateurs, danseurs et êtres humains passionnés de mouvement, de démarche, en marche, de l'avant, sans "routine" !
Avec l'opus de Mickael Phélippeau, c'est la pratique de "la chorale" qui est interrogée et revisitée, façon "chorégraphique", écrire le chœur, le chorus, le corps du chant dans l'agora. Ou le théâtre grec!
C'est Bach qui sera le témoin de cette audace scénique avec son "Nicht so traurig, nicht so sehr", un leitmotiv baroque qui va et revient sans cesse , invitant les timbres et voix des choristes à des prouesses discrètes musicales dignes de la pratique virtuose de l'écoute d'un ensemble. S'entendre chanter, se respecter, se donner le ton et garder le cap à travers la difficulté tonale de l'interprétation à capella.
Les vingt choristes entrent en scène de façon classique, les uns derrière les autres, en farandole, en guirlande ou redoute très sérieuse.Le chant démarre, le chef donne le la et la mélodie parcourt l'espace. La disposition frontale basique du chœur est posée mais bien vite elle va se "déstructurer" au profit de constructions, de dispositions anachroniques, atypiques, défendant des points de vue, des points d'écoute, variables et variés, frôlant le danger et l'incertitude. Et si on chantait du Bach, au sol, en petit groupe, en se chamaillant ou en dessinant dans l'espace des poses très esthétiques, radeau de la Méduse qui glisse peu à peu, mouvements au ralenti, piéta baroque qui se perd dans la mouvance et la musicalité de l'oeuvre, au noir, belle, profonde, recueillie.Et quand "sur le pont d'avignon" devient du baroque, trad, très racé, subtil , chanté en allemand, le leurre est gigantesque, la danse marquée par les sanctions de Bach, version populaire!
Du playback aussi, du "plait Bach" pour ravir l'oreille, pour bousculer l'interprétation classique du chant choral qui devient chanson de gestes, déplacements, circonvolutions, divagations parfois comiques. Toujours respectueuse, cette version a du souffle, de l'audace, du chien en diable et si cette géométrie variable exerce son charme, c'est bien dans des constructions savantes comme la musique de Jean Sébastien!
Batterie de chanteurs qui peu à peu entre dans le désordre, petites insurrections entre amis, féroces affrontements guerriers ou sagesse spirituelle, tout l'univers de Phélippeau, timbré à souhait, résonne, à cappella, en canon, polyphonie savante et exubérante. Et l'ensemble Vocal Campana de nous éclairer sur la diversité et le prolongement inventif à partir d'une oeuvre que l'on pourrait croire "intouchable" !
Quelle belle entrée en matière entre tradition et modernité que cette oeuvre pour inaugurer la programmation de EXTRA DANSE,fertile en "démonstration" de proximité du répertoire revisité, façon mouvance contemporaine!
A propos de
"Une chose est sûre. Il voit la vie en jaune. Mais la démarche du chorégraphe, du fait de sa géométrie variable, est plus difficile à cerner. On a découvert l’an passé, l’un de ses savoureux bi-portraits, mettant en scène la jeune Anastasia, sa vie, sa danse. On le retrouve ici avec Chorus, une étonnante performance au noir et en chœur qui chamboule les corps et les conventions.
« Détricoter une cantate de J.S. Bach, est-ce possible ? » a demandé Mickaël Phelippeau aux vingt-quatre choristes avec lesquels il a initié cette création. « Et pourquoi pas ? » auraient-ils répondu à l'unisson au chorégraphe. Et voici l’Ensemble a capella Campana reprenant à son tour, à l’endroit, à l’envers, au sol, la tête en bas, en rewind, en playback, le superbe Nicht so traurig, nicht so sehr de la cantate bwv 384 de J.S. Bach, mais « du Bach comme on en a jamais vu ! »
Pour interpréter la cantate, les corps chantants se mettent en marche, dessinant avec agilité des figures régulières ou aléatoires, qui embarquent la mélodie dans des zones houleuses et inexplorées jusqu'alors. Tous se prêtent à la mise en jeu du corps et du souffle. Sur fond musical, se déclinent danse, marche, chute, silence, obscurité, imitation de Gloria Gaynor, rythmes accélérés et même karaoké. Avec le chant, surgit alors une autre voie, une danse chorale du détournement. Mais « faire chorus », n’est-ce pas manifester en chœur ?"
A Pole Sud le 3 MAI dans le cadre de EXTRA DANSE 2017
A Pole Sud le 3 MAI dans le cadre de EXTRA DANSE 2017
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