Danger, risque et retenue de souffle!
Il chute sans encombre du haut des cimaises! Monte en l'air d'une salle des pendus en déus ex machina, le voilà ange et démon aux pays des sortilèges Comme deux salles gosses, enfants terribles qui feraient les 400 coups: du bon cinéma... Ces élévations successives, portés rocambolesques aux nues, sont le leitmotiv qui revient, reprise en comique de répétition salvateur. Ça court de partout, sauve qui peut la vie dans des précipitations efficaces et rondement menées, tirées au cordeau, précises, nettes: le désordre organisé! Chaise d'écolier, machine à laver, échelle, autant d'objets animés qui ont une âme dans ce fatras, à la Prévert, inventaire des rêves les plus fous."J'ai rien fait" s'exclame Vimala, une colonne antique sur la tête. Cariatide en ruines, en tragédienne burlesque et déconfite, désopilante interprète aux multiples registres dans des solos virtuoses où s’enchaînent métamorphoses singulières.Métaphores de l'amour, planche de culpabilité avec couteaux tirés comme un jeu de massacre, un chamboule-tout sur lequel on se défoule.Déceptions à gérer, ambitions à afficher, surprises nichées dans un cercueil de fortune: c'est la vie la vraie, vernaculaire à souhait!"Raté-réussi-touché" jamais coulé, le show mené tambour battant, haletante performance rythmique et physique pour ces deux pieds nickelés de la scène sauvage et belle.Des sets sans relâche en entracte, une cuisinière où ça récure grave, des sauts d'humeur où l'on apprend tout sur la bile et l'humour noir...Chasser les mauvaises humeurs dans un catalogue déraisonné des capacités de comédienne si douée qu'est Vilama Pons: on se souvient de "Vincent n'a pas d'écailles" et l'on sourit d'être là si proche d'elle: en chair, sensuelle et belle, virulente, acharnée, déterminée, engagée, à fond la forme! "Hell, Naif ou Ikéa" en slogans déguisés histoire de montrer qu'on est aussi des éponges abreuvées de pollutions multiples à détourner!Complainte des temps modernes, magie et prestidigitation hystérique aussi au menu: on ne se lasse pas de ces histoires quand au final un numéro de karaté burlesque se joue d'un bébé lancé dans les bras l'un de l'autre: tendre, retenu, simple et parlant, ce duo chorégraphié, ce "je t'aime moi non plus" est digne de figurer au gotha du spectacle hybride, ovni des temps passés.Touches à tout à la Cocteau, démiurges modestes,qui chinent sans s'échiner dans une multitudes de paysages peuplés d'accessoires choisis, de machines infernales: comme sur un ring endiablé, sans arbitre ni parasite pour gérer l'ingérable.Ou cours-je, dans quel état j'ère?On passe tour "en revue" sans corriger, on n'arrête surtout pas ce cirque décadent de joies et de bonheur, décati, décrépi et plein de distanciation. Engagés en diable, épuisés après cette prestation virtuose en tempo et timing d'enfer.
De bonne humeur, biens dans leurs assiettes qu'ils se fracassent sur la tête, dans des séquences denses et touffues, relevées, pimentées, rebondissants, nos compères font la paire. Et leur cinéma! "Grande" oui, elle est devenue "grande" Vimala Pons et doublement épaulée par son acolyte si bien trouvé et choisi pour ces occasions de partage de scène..On dirait des cartes postales de Plonk et Replonk, animées de bonnes intentions, d'excellentes attentions aux autres dans ce capharnaüm délirant.
Au Maillon Wacken jusqu'au 19 MAI
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