mercredi 17 mai 2017

Amala Dianor" Quelque part au milieu de l'infini": l'élégance de la voie lactée.


Chorégraphe d’origine sénégalaise, Amala Dianor s’attache à faire se croiser des univers a priori éloignés les uns des autres au sein d’un même champ chorégraphique. Conçue en réaction face à un monde qui semble emporté chaque jour davantage dans une tragique spirale infernale, sa nouvelle création, Quelque part au milieu de l’infini, se fonde précisément sur la rencontre entre trois danseurs aux parcours à la fois différents et convergents : Amala Dianor lui-même, Souleyman Ladji Koné, danseur burkinabé parti du hip-hop pour aller vers d’autres styles, et Pansun Kim, danseur/chorégraphe d’origine algérienne très actif dans la scène hip-hop. Confrontant et conjuguant leurs pratiques, ils s’appuient sur un vocabulaire chorégraphique large et tonique pour se (et nous) projeter ailleurs, quelque part au milieu de l’infini. Une expérience singulièrement galvanisante.

Ils sont trois et s'emparent de la scène, plateau nu et blanc et lancent la musique; vêtements classiques, décontractés, baskets...Trois danseurs, complices et compagnons qui vont se tenir compagnie de bon aloi une petite heure durant. Pour le plaisir, pour le bonheur de partager la danse. Et c'est contagieux.La danse s'esquisse, légère, pleine de glissés, de frottés sur le sol, aérienne, pleine de grâce, de tenue. De retenue aussi, en apnée ou arrêt sur image dans de belles diagonales. Danse savante, précise, à l'unisson parfois, engendrant des sculptures, formes abouties qui reviennent en leitmotiv chorégraphie. On tricote et détricote le mouvement, en arrière, déroulant le temps à l'envers.
Très inspirée du hip-hop mais dans des ralentis qui magnifient une exécution virtuose et raffinée, inspirée des gestes africains, sauts, frétillements tectoniques et tétaniques, grandes roues des bras et désordre des jambes trépidantes, piétinant le sol avec fougue et passion Rage de dévorer l'espace en sauts extatiques et offrant la danse, avec soif et don de soi à vous couper le souffle Amala Dianor, souriant et bienveillant vis à vis de ses complices, à l’affût des relevés, suspensions: danse quasi précieuse et savante, maniérée et baroque, raffinée presque "académique" tant les tracés précis, les gestes mesurés la rendent très "régence"; trois grâces à la Carpeau, dans "La Danse", sculpture emblématique du mouvement joyeux, entraînant, emporté par l'enthousiasme...Communicatif en diable!Parfois sur le bord de l'espace, le geste de "mal assis" qui se profile, en suspension... Des enroulés, des arrêts sur image pour surprendre et rythmer la pièce.,Danses tracées au cordeau, enrobante, seyante aux corps gracieux et souples qui s'élancent dans l'espace.Des battements de cœur, quelques paroles dans la bande son qui inonde l'espace-temps Et des images au final, cinq petites barres vidéo pour diffuser, neige, constellations dans un ciel mouvant étoilé, comme une vois lactée qui ondule, bouge fait ses spirales et diffuse du vent, du souffle La joie de la passation des gestes, le don de donner et d'offrir la danse, entre eux et pour le public.Des envolées sublimes vers des sphères spatiales dignes d'un vocabulaire "classique" dévorant l'espace en sauts merveilleux
Amala Dianor réussit ici dans une sobriété, dépouillée d'atours superflus et de référence à d'autres grammaires chorégraphiques, à tisser une danse lisse et velouté, fluide et docile, surprenante et enchanteresse: pleine d'un charme savant au delà des étoiles, dans une cosmogonie, mécanique de l'aurore ou des fluides.

A Pole Sud les 16 et 17 Mai à 21H
Dans le cadre du festival EXTRA DANSE;

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