mercredi 19 juillet 2017

37 ème festival Montpellier danse:quelques perles, un hiatus!

"Tenworks (for Jean Paul) de Emanuel Gat


Rencontres fertiles
Déjà une performance, un duo sur la place de l'Hotel de Ville aiguisait les regards: un homme, une femme aux aguets, aux abois qui s'enlacent, se cherchent, s'appellent...Sorte de mise en bouche pour appréhender la pièce au sein du Théâtre de l'Agora
L'expérience est unique: réunir des danseurs de la compagnie d'Emanuel Gat avec certains du Ballet de l'Opéra de Lyon! Gageure et pari tenu pour des rencontres inédites, un partage d'énergies, de mode de travail différent. Toute une histoire de "cum panis" partager le pain en bonnes compagnie!
Chose faite et s'il "fallait faire art comme on fait société" cette pièce en serait illustration, témoin et acte de naissance d'un genre de formation nouvelle.
Dix pièces donc dansées en duo, trio, groupe compact, multiplicité des propositions chorégraphiques en temps réel, simultanées, brouillant les pistes du regard.Danse en ricochet, emboîtée, en écho, en puzzle. Un contage pour sceller l'une à l'autre, du classique sur pointe, des pauses et silences récurrents: toute la gamme et le vocabulaire de Gat fait merveille chez les danseurs du Ballet qui épousent cette écriture et s'en emparent sans faillir. Étirer les corps, se jouer des directions, considérer chacun des interprète comme une identité, un prénom, celui de Jean Paul (Montanari) comme compagnon de toujours, soutien indéfectible et passionné.

"Dança Doente" par la Demolition incorporada" de Marcelo Evelin


Symptômes et troubles
Une "danse malade" pour dix personnages singuliers, hommes, femmes de tous âges et corpulences.
Ils déploient quantité de mouvements absurdes, souffrants, mourants devant nous.Comme autant de portraits d'humanité blessée, atteinte de symptômes de folie, de démence ou de maladies. Un pan de peau plissée jaunie pour dissimuler ou mieux révéler les "parties basses" du corps,: les jambes masquées par des voiles ou des costumes de dépouille: ils gravitent et évoquent espoir, errance, fragilité dans une ambiance trouble et noire.Comme un hommage à Hijikata, longeant les bords d'un canal à Nancy, robe rouge et rose au poing.Une scène bouleversante, un duel à mort , amour entre deux hommes qui se baisent sauvagement. C'est cru et la force et la sincérité, l'engagement physique des interprète, méduse, évoquant Eros ou Tanatos, alors que sons, bruits et musique martèlent le tout en rythme Ces spectaculaires et provocants tableaux d'une humanité aux prises avec un certain théâtre de la cruauté sont impressionnants, forts . Artaud et La Argentina ne sauraient que s'en féliciter.

"Flood" de Daniel Linehan

Souffler n'est pas jouer !
Et voici la pièce qui fâche, "hiatus" dans un dispositif de voilages permettant entrées et sorties, apparitions et disparitions. Trois hommes, une femme pour jouer sur cette architecture là, des néons, des costumes designés, folklorisant, magnifiques mais dénués de sens. D'une riche note d'intentions, il ne demeure que quelques bonnes intentions laborieuses et répétitives. Et des références à la gestuelle taichi chuan ou kung ku inutiles, illustratives essoufflantes ! Pourquoi tant de bavardages?

Montpellier Danse, un voyage au cœur de la densité de la danse, cité de tant de moments de grâce ou de rage. Agora du savoir vivre ensemble, public, artistes , professionnels. Cité en mouvements ascendants!

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire