"Zapi rouge"
Sans toit ni loi, Toi, émoi !
Quand le théâtre s'empare d'un sujet d'actualité, en l'occurrence les réfugiés des camps de la zone de Calais,le risque est grand de tomber dans le pathos où le misérabilisme. Point s'en faut avec le spectacle de la compagnie Lili Label écrit et mis en scène par Françoise Glière: c'est à "Toi", celui qui n'a pas de prénom, de jouer l'orphelin débarqué dans une zone d'attente pour personne en instance ZAPI; c'est un adulte ou un enfant plein de vie qui sème en ce lieu improbable la joie, le jeu, la fantaisie là où on ne rit pas par principe.La geôlière, gardienne du camp est haineuse et rejette tous ces étrangers, les traque.L'infirmière de garde les ausculte pour leur bien, les écoute...Toi et sa fureur de vivre tel un ange va semer la zizanie avec ses rires et ses rêves fous: être acrobate dans un cirque ! Sa valise confisquée délivre en épilogue les trésors de son existence: un manège enchanteur, perle de poésie plastiquement image très forte. David Carmi de Baix en enfant enjoué riche d'optimisme ou d'utopie Catherine Lafont en matrone acariâtre puis adoucie par l'évolution des choses font de cette pièce une convaincante ode à la différence, l' acceptation et la considération de l'autre. Le texte file grave et léger à la fois, la mise en scène rythmée et tonique nous guide dans ce dédale de panneaux amovibles: ils simulent murs et barrières de l'incompréhension mais quand on fait connaissance on ne peux plus haïr l'autre et l'on prononce son nom avec affection et bienveillance: Toi et moi avec Toi pour sauver le monde !
A "l'école du spectateur" Avignon le Off
"Esperluette": "Danse avec la peau des mots"
compagnie Reveida de Delphine Pouilly et Olivier Debos
Sous chapiteau de cirque,Victor Ducros poète culinaire revisite les fables, les phrases pour en faire une cuisine savante, déstructurée, fusion comme on l'aime,surprenante, inventive ,inspirée,du "fait maison", cuisine du marché ou du jardin des mots: il cause, elle danse, fluide, compère et complice de ces ingrédients comiques et ludiques Des lettre géantes sont un jeu d'enfant où "esperluette"délivre des livres, des trésors d'autres formulations ou constructions.On invente avec eux la poésie d'aujourd'hui et "la cigale et la fourmi" passe à la casserole de ce dictionnaire gourmand ! Oulipo ou autre versification pour petits et grands qui se régalent de livres,expérimentent la gravité en dansant avec l'interprète bienveillante de cet atelier du Gout des mots: et on salive de plaisir, se lèche les babines et ressort satisfait et rassasié de poésie! Et de danse bien entendu tant Delphine Pouilly fluidifie les éléments en autant de gestes voluptueux à déguster sans modération! Et que l'idée (éidos) est bonne !
A L'école du spectateur Avignon le Off
"Combat" compagnie Ormone
Laisse tes tics au la beau !
On serait dans un cabinet aux murs transparents comme la seconde peau du monde.Deux êtres visant à la perfection du paraître vont conter leur histoire de corps féminin androgyne canonique: on se refait plus qu'une beauté dans ce laboratoire clinique chirurgical On gomme on astique la peau, on se détend zen On instrumentalise tous les moyens pour se lisser, se ravaler la façade, entretenir des formes de Vénus.Deux corps quasi semblables jouent avec les instruments de la Passion: éponge et autres gadgets de torture, pince à linge pour ranimer la peau, celle qui isole de la déshydratation des muqueuses A l'Institut c'est savant,savon, c' est un combat, une lutte contre le vieillissement! Quand une robe ourlée de produits de beauté fait songer en tournoyant de bonheur à Loie Fuller (l'antidote de la beauté) aux sons du cliquetis du plastique contenant les élixirs de beauté, d'immortalité . L’Ambroisie veille au grain et quand d'un désert de sable deux corps nus,gémellité perruquée de roux émergent,la métamorphose clinique a opéré. Chez ces gens là, on ne danse pas, on bouge pour survivre aux apparences, à la déchéance:on songe à malmener sa machinerie pour mieux la montrer, l’exhiber!: nue et crue dans toute sa perfectibilité
Aurore Gruel et Lucille Guin, soeurs de corps, racontent ici que les corps ne mentent pas: ils sont bien aux hormones, hors norme dans la monstruosité du parfait profil mercantile
A la Caserne des Pompiers Avignon le Off.
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