vendredi 26 janvier 2018

"Grrrrrr" de Sylvie Balestra: pieds de poule et pas de loup !


Les animaux sont des êtres familiers de l’univers de l’enfant. Les reconnaître et les imiter devient pour lui un jeu. Dans un solo emprunté à des rituels dansés traditionnels et imaginaires, Sylvie Balestra interpèle et accroche le jeune spectateur. 
Du tigre à l’oiseau, la danseuse bouge et transforme son corps à l’aide d’un costume fait de laine, de fourrures et de paillettes, dévoilant un bestiaire aux figures hybrides. Expérience joyeuse et sauvage, Grrrrr invite le public à se mettre en mouvement et à entrer dans le cercle du rituel, dans un bal final. La compagnie de danse SYLEX développe un art de la relation et de l’attention au corps physique et au corps social. Pour ses créations, SYLEX met en place des protocoles de recherche associant habitants, chercheurs, membres de communautés diverses. L’écriture de la chorégraphe et anthropologue Sylvie Balestra se nourrit de l’observation et de l’écoute des savoirs intimes et singuliers des individus.




Les enfants sont autour d'elle dans une configuration circulaire et entourent son corps, à terre, au sol, couché. Elle est immobile puis respire intensément, son thorax se soulève: elle va ramper, comme un reptile, se mouvoir , glisser et peu à peu dévoiler son identité de créature hybride, de création de matières végétales: costume de rituel fait de paille, de bijoux, parure de parade, rayonnante, légère, colorée, chatoyante à la manière des "Wilderman" de Charles Fréger où des monstres de carnaval de Silvesterchlausen de l'Appenzell suisse.



 Tantôt volatile, poule, paon sur ses ergots, fière et paradant sans jamais y laisser de plumes! Un voile ajouré pour mieux dissimuler ses bonnes intentions, comme un moucharabieh dont les pendeloques attirent le mystère qui va se dévoiler!
A pattes de velours, pas d'ours ou de loup, elle se redresse, sautille animée de soubresauts réguliers, frappe du pied comme dans les danses "trad" ou folkloriques, renouant avec les gestes simples d'une danse "virtuose" retrouvée et réhabilitée. Habitée comme une transe rituelle dans son costume, d'homme de paille, elle bâtit peu à peu son nid de cygne avec plumes et accessoires du costume qu'elle quitte, comme une seconde peau qu'on ôte.Un habitacle à sa mesure, rond, douillet, cosy, cocooning chaleureux: se faire sa place et s'y lover!
Après ce dévoilement d'identité, on retrouve la femme danseuse qui partage sa joie de faire la ronde avec les enfants, à l'aise dans cet univers de proximité . Même pas peur! Alors on se prend la main, imite la démarche de l'animal pour mieux terminer au sol, à l'abri, bien au chaud, ensemble pour ce "vivre, être ensemble" si cher à la Danse!
Beau spectacle, fédérant petits et grands dans une belle attention à l'autre: la danse comme art de la convivialité en bonne compagnie.
Au TJP jusqu'au 27 Janvier

Mary Wigman !

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