Pour la troisième année consécutive, Olivier Saillard et Tilda Swinton proposent avec Cloakroom une performance autour du vêtement, entre poésie et hommage. Au Palais Galliera, le Directeur du Musée de la mode de la Ville de Paris s’associe encore à la comédienne écossaise dans le cadre du Festival d’Automne pour faire éclore du silence des vestiaires la vie cachée du tissu. Drôle, sensible, parfois lyrique, toujours gracieux mais un peu étroit.
Maïeutique de l’étoffe – Après The Impossible Wardrobe en 2012, et Eternity Dress en 2013, le tandem improbable Saillard/Swinton explorent l’espace vide du vestiaire, ce lieu « en attente » où s’accumulent bientôt les vêtements, les sacs et les foulards, tous uniques et chargés d’histoire, lorsque son « maître » s’en sépare provisoirement. C’est Tilda Swinton qui se charge de recueillir les oripeaux des spectateurs, invités à déposer un à un le vêtement ou l’objet de son choix. En échange d’un numéro, ils repartiront tour à tour s’asseoir assister à la performance : Swinton s’engouffre aussitôt dans l’intime, laissant apparaître, au détour d’un dialogue muet amusé ou d’un geste tendre, d’un regard prolongé ou d’une danse imaginée, toute l’humanité latente du textile. Le vêtement parle, il respire, il rit, il se meut. Le vêtement sent, séduit, repousse ou attire. Il devient pote ou amant, complice ou partenaire de rixe. Swinton est une sage-femme uberclass, le charisme en guise de blouse blanche : le vêtement est désormais bien vivant.
Tourner en rond dans le dressing – Tandis que Tilda Swinton, après ses communions successives, remise de côté les vêtements pliés, Olivier Saillard, aidé d’une assistante, habille les cintres vides. Si l’on s’amuse du rapport entretenu par Swinton aux objets, et des panneaux de tissus dévoilées par la performeuse, révélant des aphorismes décalés ; si -naturellement- on se laisse séduire par la poésie qui envahit la salle du Palais Galliera, et si on se laisser aisément envoûter par la présence de la comédienne, on finit par se lasser un peu, une fois le concept exploré de toute part.
En outre, les extraits musicaux accompagnant par moment la performance n’étant pas nécessairement porteur d’un sens très évident, débutant et s’arrêtant assez aléatoirement (des indices de temps pour les performeurspeut-être?), c’est au final une certaine redondance qu’on finit par observer dans le dernier quart d’heure. « On a compris ! « trépigne au fond de nous le lutin rebelle à chaque nouvelle rencontre de l’artiste avec un manteau, une écharpe ou une veste. Pourtant, si le propos est un peu mince pour une heure de spectacle, il n’en reste pas moins un joli moment de grâce et d’élégance, le témoignage d’une rencontre sincère et honnête entre des amoureux du vêtement et ce qui fait de ce tissu un objet vivant à part entière, chargé d’histoire, quitte à frôler l’anthropomorphisme.
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