samedi 1 octobre 2016

"Jeunes talents, académie de composition":les matinales fertiles en "création mondiale"de Musica


Musique de chambre sous la direction pédagogique de Philippe Manoury et Alberto Posadas pour les élèves de l'Académie de composition du festival Musica: une aubaine inestimable pour ces talents, émergents, jeunes pousses prometteuses, boostées par leurs maîtres à composer (et danser!)
Propulser, améliorer, lancer,peaufiner,amplifier accroître et faire décoller les talents: credo de cette rare et plus qu'utile et nécessaire Académie.
Pour ce premier concert de 11 h salle de la Bourse, creuset de bien des événements marquants de ce festival, le quatuor Diotima et la soprano Sarah Maria Sun.

C'est avec "Systema" de Daphné Hejebri que débute ce concert prometteur de découvertes
Virtuosité affirmée dans l'exécution de cet opus, précieux, articulé à la perfection,
D'un instrument à l'autre, le son se répercute dans des aigus virtuoses et vertigineux, les cordes pincées en écho: des contrastes extrêmes, à peine frôlés, ténus, le son mourant au final dans un imperceptible silence.
Seconde pièce de Pedro Berardinelli, "Linear", plus ramassé autour d'une figure par le biais d'une concentration intérieure, toute fabriquée dans une esthétique très contemporaine.
Nerveux, vif, sec, le mouvement démarre, les sons se recouvrent en alternance. Rentrer dans le rythme: un exercice sans filet pour les interprètes en alerte, aux aguets dans une respiration commune comme seule diapason Cela ne pardonne pas et le sans faute est de mise!Sons graves et languissants, plaintes, gémissements, passages brefs: tout se déroule devant nos yeux, défile, le son plus rapide que la faculté de l'audition: on voyage sans arrêt, ni pause, sans halte, ça fuse comme des images déferlantes.
C'est en robe rouge qu’apparaît Sarah Maria Sun pour le "Partita" de Nuno Costa: la vocalité instrumentale traitée comme un instrument à part entière, à égalité.
Emission vocale en chuchotements,, chocs, heurts, réverbération de la voix tenue: toute une gamme très technique est conviée dans ce morceau; halètements, inspirations, comme une météo du geste vocal, un glossaire des capacités multiples des cordes vocales.
Suit "wie die zarten Blüten im Winter" de Francisco Alvarado, un hommage en filiation au nom"Diotima" du groupe et de Luigi Nono, une oeuvre de bruissements organiques, souffle léger et poétique.Effets d'attaque vifs et tranchants des cordes, frottements, "zip" éclairs cinglants, petits frappés discrets en cognées résonnantes. ça fourmille et grouille comme des bûcherons au travail, La matières sonore se concrétise, prend corps.Des sons d'élytres de coléoptères s'invitent et s'inventent sur cet autel à insectes, peuplé de craquements, grincements, bruits de brindilles.
Bienvenue dans ce monde très hospitalier, hôtel à insectes hybrides et fantastiques!
Pour clore cet éventail de créations inédites de très jeunes compositeurs "The Winged Phylax" de Sebastian Androne:la chanteuse, le corps engagé, habité roucoule, émet des sons en roulement, en vrille: chant d'oiseaux animés, émis autant par ses roulements d'épaule, de cou, en suspension sur les quasi pointes des pieds, elle bouge, se meut, ébranlée de picotements, de cordes qui picorent ça et là à l'envi.Tourterelle ou oiseau de paradis, Sarah Maria Sun irradie le chant, exulte et transcende la matière vocale.Puis elle installe sa voix grave dans une quasi mélodie en langue anglaise: la théâtralité peut naître, monodrame où la dramaturgie vocale existe, opère, parlée, chantée.
Elle est habitée, vibrante, le corps émetteur, réactif aux vibrations des autres cordes; des claquements de doigts, du souffle au final pour que s'échappent encore quelques sons, semés à tout vent
Quel vivier riche de créateurs que ce concert édifiant, porté par un ensemble à l'écoute des talents en germe, chrysalides dénouant de très prometteurs papillons!


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