Déplacement clandestin
Il est de retour à Avignon, celui qu'Amélie Grand nous faisait découvrir au "Big Bang théâtre avec son solo inédit de référence "Chronic(s) ! Ici c'est l'enfermement qui le taraude à partir du texte mythique d'Hamid Skif: gestes et attitudes imprégnées de la douleur d'être confiné, cerné, incapable de déployer son corps sans heurter murs et dangers physiques multiples. Toujours performant, déterminé, engagé, le danseur-comédien, chorégraphe et soliste convainc, touche, émeut et passe le message: tout corps muselé peut résister, avancer, progresser malgré atrocités et contraintes, déplacement, exil ou migration. Seul, avec son texte, son corps crispé ou terrassé de douleurs, l'espoir persiste et ne cédera pas aux injonctions ni à l'humiliation, au déshonneur. C'est beau et médusant, empli d'absence, de perte, de négation de soi sous la pression et dans la tension des énergies extérieures dominatrice: il s'efface, disparaît, son identité "rase les murs", bâillonnée, éteinte, malmenée.
Publier les bans
Un banc public, une traversée, la rue, le quotidien et...la rencontre. Les être ici se croisent, s'ignorent, se fantasment, s'inventent une autre vie comme dans la vraie! Si l'on parvient à se trouver alors c'est plaisir, partage et "love story"! Une chanteuse danseuse et guitariste, un pianiste guitariste pour galvaniser un couple improbable de danseurs éperdus d'énergie....La danse est séduisante, fluide, jazzée à merveille et l'on suit une "histoire" sans détour qui se tisse et semble bien se finir en "happy end" jovial. Un accessit à Dyna B pour sa voix, son énergie, son talent et son tonus !
"Glaucos"
Larguez les amarres !
Hissez haut le pavillon, ça va tanguer sur le rafiot: cinq matelots s'emparent du plateau flottant pour une odyssée de l'espèce mâle, pas du tout mal en point ni macho. Un tonneau pour partenaire, gonflé à bloc, un "patron" sur cette galère qui vogue tambour battant, entraînant nos moussaillons vers des contrées gestuelles inouïes et inattendues; du hip-hop circassien? Bien plus, une signature chorégraphique solide et tonique, interprétée par des danseurs comédiens, malins, viril ou simplement humain. Un tyran d'eau, des esclaves en rupture: on peut tout imaginer de cette profusion d'énergie, d'humour et de distanciation bien heureuse sur la condition masculine au travail Alors qu'une musique live, à la guitare, de grande beauté les transporte, les interpelle et les mate. Gestes en ricochets, poses burlesques, clins d’œil complices qui vous impliquent, le tour est joué.
Déséquilibres périlleux, architecture en pyramide qui se défait sans cesse en cascade: c'est hallucinant de verve et d'audace, de danger aussi.
Les corps conducteurs de ces piles électriques, électrons libres sur cale sèche sont médusants: comme le radeau. Et la nave va ! Un "parcours" signé Mickael Six, le fin du fin du style et de la technique "parkour"On ne vous fera pas mariner, c'est à Glaucos, dieu de la mer qu'il faut s'en remettre !
Le coup de cœur de "la danse dans le off 2018 !
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire