dimanche 22 septembre 2024

"La Persévérance" Ensemble Klang & Asko|Schönberg: Alarmes citoyens!

 


Quand une fanfare à grand renfort d’instruments à vent croise le chemin de la musique contemporaine.

Fondée par Louis Andriessen et le saxophoniste Willem Breuker en 1971 pour jouer dans la rue et sur le terrain des luttes sociales, De Volharding (La Persévérance) est une formation iconique aux Pays-Bas dont les ensembles Klang et Asko|Schönberg animent aujourd’hui l’esprit et le répertoire. Pour Musica, les musicien·nes néerlandais·es interprètent des pièces emblématiques issues d’un répertoire de plus de 300 œuvres et couronnent leur programme d’un ciné-concert, M is for Man, Music, Mozart, né de la collaboration entre Andriessen et le réalisateur britannique Peter Greenaway.


 Démarrage de la soirée au Maillon, en fanfare avec l'oeuvre de Steve Martland, Danceworks 1 & 2 (1993) . Le chef danse déjà, le corps animé de mouvements chaloupées, ondoyants, tête et cou vrillés. C'est déjà de la danse minimale et fort belle à regarder, lui de dos bien entendu! Opus jovial, très entrainant, chaloupé, articulé,, membré de ses instruments à vent qui ont le souffle en poupe.  Dix en tout, toniques, face à un piano, une guitare. La puissance du basson, les répliques des trombones, tout concourt à un joyeux stunami sonore très vivant, balayant les feuilles mortes du concensuel. Un second mouvement introduit une sorte de mélodie entre jazz et ragtime, très remuante, rytlmé, éclatante. Une oeuvre de bon augure pour ce concert.


La seconde, de Julia Wolfe, Arsenal of Democracy (1993) est une alarte virulente, une alarme contre des menaces. Sur le qui vive toujours des déflagrations annoncent danger, et appellent à la riposte pas au consentement. Des sirènes, des secousses tectoniques de musique, des salves parcourent l'espace, la guitare sursaute et semble échapper aux mains de l'interprète. Le piano s'échine, entêté à briser ou renforcer ce chaos, cette débandade notoire. Les niveaux sonores, très contrastés en font tout un discours d'assemblée mouvante sur la "démocratie" gouvernementale. D'actualité brûlante...Prises de paroles des vents dans cette Agora fertile qui semble ne pas se laisser submerger. Forum aux ébats et débats houleux, plate-forme populaire et poétique du droit à la Musique pour tous.

 Succède l'oeuvre deAnna Meredith, Nautilus (2011) Sans naufrage ni débâcle, ce Nautilus navigue en eaux profondes sans heurt à grands coups de répétitions: sonneries d'alarmes de surveillance en délire incessant et obsessionnel, en fond sonore euphorisant, enivrant et hypnotique. Cacophonie joyeuse et prolixe, organisée, savante, multidirectionnelle à souhait. Telle une chevauchée de Western, où les klaxons seraient cris et bruits divers. Le chef prend la batterie en mains à contretemps, en frappes régulières, métronomiques. Fatras, bienvenu et décoiffant!


Au final, un "ciné concert" pour les nostalgiques du cinéma de Peter Grenaway et de son "Ventre de l'architecte" au fond "des jardins anglais"...Peter Greenaway & Louis Andriessen, M is for Man, Music, Mozart (1991)

Un petit bijou du genre où l'on retrouve avec bonheur la matière sépia mordorée des images de grimoire magique du réalisateur. Organiques, sensuelles, ces icônes parcourent le film et la musique se fond, langoureuse dans cet univers aux M magnétiques. Le M du mouvement l'emportant sur le reste. La danse de deux déesses nues, d'un faune également nu et poudré fait le reste.C'est comme au cabaret, au hammam, les enluminures exotiques et cachées, énigmatiques et secrètes se révèlent à l'oreille. A l'affut de cette virée fantasque dans le monde du luxe, du calme et de la volupté. Ballet érotique de nymphes gracieuses aux postures classiques, solo du gentil démon acrobate et virtuose, séducteur dégenré. Les agapes, la déca-danse au menu. Un coté expressionnisme allemand, ou pictural pour cette "leçon d'anatomie", ce laboratoire esthétique aux accents de musée. Sur une table de dissection simulée, un corps se love et jouit de sa beauté. Danse macabre, danse d'écorché dans un cabinet de curiosité. Momie organique, rituel du sang, du liquide: la musique épouse cet univers sensuel, de chair et de bruissements. Kurt Weill en filigrane ou autre un intrus comme références et citations. Douceur suave de la formation musicale après extinction du film pour repartir sous le charme peu discret de Greenaway. Nostalgie, j'écoute ton nom.


direction | Joey Marijs
voix | Michaela Riener


Ensemble Klang / Asko|Schönberg
flûte | Marieke Franssen
cor | Elisabeth Otra
trompette | Bianca Egberts, Maarten Elzinga, Arthur Kerklaan
trombone | Anton van Houten, Koen Kaptijn, Marijn Migchielsen
saxophone | Michiel van Dijk, Daan van Koppen, Erik-Jan de With
basse électrique | Jordi Carrasco Hjelm
piano | Saskia Lankhoorn


dans le cadre de Nord Sonore, musiques aventureuses des Pays-Bas - projet initié par et avec le soutien du Performing Arts Fund NL

Au Maillon le 21 SEPTEMBRE dans le cadre du festival MUSICA


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