CONCERT | PROGRAMMÉ PAR LE PUBLIC
Figure de la création alternative étasunienne, la musicienne, poétesse et activiste Moor Mother explore l’histoire et les conséquences de l’esclavage et de la colonisation.
Pour Musica, elle prolonge son récit réparateur à travers une performance inédite associant le chœur Pelicanto. Son point de départ est son lieu de naissance, Havre de Grace (Maryland), ainsi dénommé pour la ressemblance avec le port du Havre qu’y voyait La Fayette. Au XIXe siècle, la petite ville située sur la ligne de démarcation Mason-Dixon séparant les états abolitionnistes du Nord et les états esclavagistes du Sud fut un point de passage pour les esclaves en fuite.
Moor Mother, Havre De Grace to Le Havre (2024 – création mondiale)
St Paul est bondé: plus de 270 auditeurs pour ce concert inédit...Allongé, le public constitue une belle marée humaine, relax et conviviale. Sur les pavés, la plage du son, des sons. L'ensemble Pélicanto fait son entrée en cheminant, chaloupant alors que les trois protagonistes sont debout devant nous, tout proches. Le choeur s'avance et pénètre le choeur. Petites percussions de table, clochette, grelots de bois pour introduire l'opus, texte à l'appui récité par Moor Mother: longues extensions de chevelure en silhouette mouvante. Ses deux compères, petit chapeau vert et cheveux touffus comme des miroirs vivants et non déformants.Vers la voix chantée, les sons d'une flûte et les percussions, tout va bon train. Trois officiants païens d'une cérémonie. Le choeur à l'arrière les borde, s'amplifie, et tangue dans les accents de gospel. Une vraie volière de cris, de sons de trompette en introduction. Un chant fameux. tout de contrastes et modulations, dirigé par une cheffe de choeur aux larges indications chorégraphiques et gestuelles.Surgit l'orgue au loin, monstre sonore éclatant, tonique, volubile et humoristique. Un brillant solo de trompette émeut et frappe d'emblée.Inonde l'église de ses retentissements et plaintes. L'orgue, quasi free-jazz et très véloce accompagne le tout et donne une dimension singulière à l'ensemble. Le choeur nous quitte, toujours chavirant et en syncope. Une double voix entre orgue et vent se fait déesse Echo. Un manifeste de revendications politiques en soubassement et fondations de l'oeuvre, impacte la virulence, le jeu, les intonations de Moor Mother, star et vedette du soir, figure de proue. Un discours politique assumé, l'orgue accompagnant cette profondeur musicale, grave et engagée. Telle une allégorie, l'opus arrive à bon port, am-conque pour agrémenter sobrement cette messe païenne partagée. Un peu de chant mongol, de ventriloque de la part de,errit et accoste, après un cabotage musical entre sérénité et lutte fébrile: soulèvement et insurrection au poing. Au loin, le buffet d'orgue basaltique ou balsamique nourrit à volonté cet univers minéral de résonances portuaires fluviales. Noble, princier, altier l'instrument rugir ou égrène les sons de façon singulière et inhabituelle. Trompette bouchée, fifre, pipeau ou flutiau, grelots et coquillage pour agrémenter sobrement le tout. Simon Sieger ventriloque et chanteur mongol, gore pour diversifier les atmosphères.Aquiles Navarro en trompettiste soliste fort émouvant! Un concert-performance ovationné par un public jeune et enthousiste à l'écoute du tournant à 180 ° du festival MUSICA 2024.
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conception, musique et performance | Moor Mother
trompette | Aquiles Navarro
flûte, trombone, orgue et percussions | Simon Sieger
Pelicanto, Chœur LGBTQ+ d’Alsace
—𝗗𝗮𝗻𝘀 𝗹’𝘂𝗻𝗶𝘃𝗲𝗿𝘀 𝗱𝗲 𝗠𝗼𝗼𝗿 𝗠𝗼𝘁𝗵𝗲𝗿
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