Depuis qu’il est imposé au milieu des années 90 comme le grand
réformateur du jazz afro-caribéen, le pianiste cubain Omar Sosa n’a
jamais cessé de développer son art de la créolisation en multipliant les
dialogues transculturels avec toutes les formes de musiques actuelles
et traditionnelles. En s’associant avec la chanteuse algérienne Souad
Asla, splendide héritière à la tête de son groupe Lemma de l’ancestrale
confrérie des Gnawas et de leur musique de transe, il s’aventure en une
musique résolument hybride dans un voyage aussi sensualiste que
spirituel aux sources du groove. Sahravane fait résonner ces mélopées
intemporelles énigmatiques ancrées dans la mémoire populaire algérienne,
au prisme du jazz moderne et des formes les plus contemporaines de la
musique afro-cubaine.
C'est à capella qu'entonnent nos cinq ambassadrices du désert, perles d'or en parures rutilantes: cinq femmes qui vont se donner, s'offrir et se confronter à une rencontre hors pair : celle avec un pianiste virtuose, sorte de lutin dansant de profil, malicieux en constant grand écart entre piano acoustique et sonorisé. Chaussures rouges et calotte blanche pour ce démon du piano si mobile et mouvant sur la scène.La colonne vertébrale dessinée en oueds colorés sur sa chasuble blanche. Des noeuds qui se défont au contact de Souad Asla, vêtue d'une longue robe pourpre, muscat, mauve-violet de toute beauté.Chevelure de lionne rousse, sourires et expressions tantôt graves, tantôt illuminées. Les bras ouverts, le plexus solaire offert, voici la chanteuse qui danse, tournoie comme une derviche enivrée de rythme et de sagesse.
Assemblée générale extraordinaire: Lemma, des femmes en lutte
Déesse et reine du désert, rose des sables dans une constellation cosmique, un "destin" ourlé de rhizomes, de traces et signes musicaux emprunts de tradition autant que de singularité inventive. Un côté flamenco aussi dans le jeu de poignets et de doigts, de danse orientale chaloupée, sensuelle. Danse serpentine des voiles, regard concentré et ferme sur l'espace musical, le public conquis.De dos, face à ces musiciens, au guitariste Csaba Palotai,discret en fond de scène, avec le percussionniste Gustavo Ovalles qui égrène de l'eau avec des clochettes intuitives.
Son gumbri, instrument "interdit aux filles" vibre et résonne dans la chaleur de l'atmosphère du concert.Le sud algérien de Bechar très présent dans cette ode au pays et à "tout monde". Le concert fut un régal de partage, de métissage profond fait de trame et de chaine, comme tissé avec des couleurs d'arc en ciel. Le voile dont s'empare au final Souad Asla devient prétexte à une danse sculptée par le flux du tissu, masquant son corps, dévoilant cette cérémonie laïque avec grâce et vélocité.
Une danse bordée de tendresse, de fureur ou de calme recueilli. Un duo dansant merveilleux entre le pianiste et la chanteuse exécuté avec malice et complicité authentique et pleine de charme. Des instants magnétiques ourlés de la présence fraternelle autant que matriarcale de ces chanteuses et percussionnistes complices.En robes éclaboussantes de dorures, parures des corps et des têtes. Un véritable spectacle qui bat son plein et offre une musique originale, unique pleine de rythmes fulgurants, et d'émotions contagieuses. JAZZDOR, orpailleur de ces pépites d'or à récolter sans modération.Standing ovation dansante lors des trois rappels, bis et autres mélodies "maison" pour ces artistes généreux, courageux, chatoyants.
DJ SET
Margarita Tempête pour fêter et partager la danse prolongeait la soirée de ces rythmes très dansants!Margarita Tempête est une DJ brésilienne qui
navigue entre vinyle et digital, du jazz à la disco house, en passant
par des rythmes brésiliens, afro-américains et caribéens, avec une
curiosité joyeuse. Elle nous offre en clôture de festival un DJ set festif à la hauteur du 40e anniversaire du festival !
Soirée de clôture de la 40e édition du festival Jazzdor-Strasbourg le 21 Novembre à la Briquetterie à SCHILTIGHEIM
(DZ + CU + FR) Souad Asla chant, gumbri, direction artistique | Omar Sosa piano, direction artistique | Csaba Palotaï guitare | Aziza Tahri chant, derbuka, t’bal, bendir, karkabu | Mebrouka Brik chant, bendir, karkabu | Gustavo Ovalles percussions | Rabia Boughazi percussions, pilon, chœurs | Sabrina Cheddad bendir, derbuka, chœurs









3 commentaires:
Très bel article sur ce concert à peine terminé ! Pour le parfaire, je me permets une petite correction : "a capella" (sans accent !).
Magnifique article !
Petite précision sur une danse de Souad Asla qui se couvre la tête avec un tissu noir : il s 'agit de la danse saharienne de la guedra où la femme danse agenouillée avec des,mouvements de la tête et des bras , tête couverte d 'abord puis elle continue de danser à visage découvert.
merci Geneviève de Théo l'écrivain
Enregistrer un commentaire