Eh bien ne perdons rien pour attendre car sur les écrans tv et à Paris aux "Trois baudets", on les a déjà vus et entendus!
Qui l'eut cru?
Petite note d'intention:le groupe MAMAN propose un univers délirant, sonore , visuel et poétique. "Oui! Nous aimons la recherche musicale et poétique. Nous proposons une musique électroacoustique. Inspirée de notre métissage musical commun." MAMAN peut vouloir dire Musique Amoureuse Magique Aérienne Nyctalope....
Belle définition pour ce duo tout neuf entre le frère et la sœur qui ont de qui tenir:progénitures de Jean Marie Hummel et Liselotte Hamm (La Manivelle) ils sont tombés dedans étant petits et font de cet "héritage" culturel, un bain de jouvence!Un grand barbotage éclaboussant!
Reine des mots et de la littérature loufoque, oulipique, Léopoldine, confesse:
"Je lis, je dévore des romans, des pièces de théâtre, des recueils de poèmes.
Les idées, les passages, les phrases, les mots qui me saisissent je les isole.
Je les malaxe et les travaille au corps, je les fait vibrer avec mon souffle et mes cordes vocales, je les chante! oui!
Parfois un ami ou un inconnu ou un poète m’envoie un texte que je mets en musique, parfois j’envoie une mélodie à un auteur qui m’écrit un texte. Et bientôt, mes propres mots aussi je les chanterai…"
Pari tenu hier soir pour son duo avec Yérri- Gaspar , ce "concert intimiste" donné au cœur de la Krutenau à Strasbourg chez le caviste alternatif, Benoit, de l'Oenosphère rue de Zurich.
Un lieu inédit, intimiste où l'on se confesse en dégustant quelques bonnes coupes jusqu'à la lie!
Tabernacle!Une petite" Devos" est née?
Ce moment de "cabaret" alternatif débute de la rue:à travers la vitrine de la boutique, du trottoir, on aperçoit un spectre voilé d'un linceul de survie doré, ou d'une cape-cagoule capuche de super héros anonyme!
Toussotements, raclements de gorge et c'est parti! En avant pour une première partie éruptive, éructive en compagnie de son souffle, de sa voix mais encore d'un accordéon, ce piano à bretelles qui habille notre anti-héroine à ravir!
Quel doigté dans le jeu, quelle verve, quelle musicalité pour cette chanteuse lu-divine, chanteuse "à tresse" gretchen de pacotille si respectueuse de ses origines alsaciennes et pétrie du gout pour les langues: c'est copieux, joyeux, gouleyant et savoureux à souhait!
"J’ai décidé, PAF, un beau jour, lors d’un concert qu’il fallait que visuellement, j’équilibre l’image et non que je la brouille. Alors comme sur un tableau, j’ai décidé de mettre un costard noir comme mon père et d »attacher mes cheveux au maximum. J’ai donc eu l’idée de cette coiffure du passé, un peu rétro peut-être, traditionnelle ? Une petite touche d’humour aussi. Et sans y réfléchir, cela a marqué mon univers de chanteuse-à-tresses.
( Oui. je suis une chanteuse à tresses ! Je le dis et j’en suis sûre ! )"
On la devine gourmande Léopoldine: stature sculpturale, bien d'aplomb sur ses deux jambes, bâtie pour être bien ancrée au sol, même perchée en déséquilibre instable sur une chaise de bistrot!
L'espace est exigu, mais elle en joue pudiquement de cette proximité avec le public, sans pour autant le prend en otage. Elle le "ravit" plutôt, le capte et l'envoute pour le conduire vers un ailleurs décapant, poétique , imprévu Unique dit-elle au début de cette opérette à saynètes colorées bigarrées et loufoques.Piano aussi, mini-harpe,wash board:elle semble savoir jouer de tout, même de la flûte traversière aussi!
Mais que fait Yérri pendant que Léopol dine?
Elle se joue de tout ces petits instruments de confiance et de complicité alors que son compère, comparse, fabrique sur un établi de fortune une gamme de sonorités burlesques et comiques, improbables.A l'aide d'un bric à brac sorti tout juste d'une quincaillerie musicale:machine à écrire, rappe de cuisine, balai de percussion, tambourin translucide, baton de pluie. Tout est fabrication "maison", made in MAMAN et bricolé très justement pour créer des sons d'ambiance à la John Cage. Le son, frisson de tous les jours pour mieux border les rêves tonitruants de Léopoldine. Boites à musique de Pandore, papiers déchirés d'Arménie, percussions corporelles musicales très rythmées et inventives!Machine à écrire percussive....
Quel cocktail!
Au final, Léopoldine dévoile ses secrets de femme fatale, en justaucorps pétillant, comme son regard faussement ingénue et coquin, scintillant de malice,moulant son grand corps "pas malade"!!Et évoquant Mickael Jackson à l'envi, androgyne en diable
Après une mi-temps bien méritée, un deuxième set démarre tandis que le public échange et partage jovialité et convivialité.
On s'y retrouve aussi en "famille" bienveillante mais pas pour autant lénifiante, ni élogieuse.Intransigeante éducation musicale oblige! Filiation aussi, si positive et fructueuse!
Ici on connait les secrets du succès:talent et travail acharné!
Originalité aussi, aspect inclassable de cette rencontre atypique, exotique!
Au travail donc pour cette finale débordante de mélodies, de mots, de verbe de sons de saxophone et d'accordéon!On y retrouve les sources d'inspiration de Léopoldine HH: de Chopin au Kecak, de Nina Hagen, Bjork, à Ima Sumac, les tresses s'affolent, la couronne de cheveux blonds tient bon et le cap découverte de nouveaux continents sonores persiste et signe!
Que voici une belle "ligne éditoriale" inébranlable:pas de chichi ni de compromis dans l'écriture, mais des clins d’œils, des "citations" bienvenues à une tradition, héritée et développée, prolongée, agrandie d'un répertoire proche et lointain.
Séduisante cette trouvaille de petite forme, duo, très en forme, taillée pour le cabaret, l'opérette miniature, le récital intimiste. Fait pour toutes sortes de lieux, même la scène où la semaine précédente, ce duo se propulsait sans complexe au cœur de Paris aux "Trois Baudets" à la grande surprise des bobos parigots!
Allo, MAMAN, pas" bobo": ils sont beaux ceux qui rendent hommage à leurs parents, leur "maman" leurs géniteurs de tous poils et de toutes origines!
Total respect et irrespect dans ce joyeux duo, piquant, picador du son, traqueur de musicalité, de vocale abracadabrantesque qui eut tellement plus aux Queneau, oulipiens et autre Isidore Isou amoureux de la vie!
Affaire à suivre donc dans un réseau de spectacles en cave "voutées" pour mieux s'échiner et prendre gout à l'insolite: se laisser rapter, capturer et prendre au dépourvu par ce duo satanique, ludique et si poétique!
Made in MAMAN, moulé à la louche grâce aux multiples talents et coups de pouces solidaires de toute une équipe qui en veut et qui n'a rien "à prouver".
A nous de les "éprouver". Preuve à l'appui, ça marche!"Paris" gagnés!
www.leopoldinehh.fr
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