mardi 26 avril 2016

"Incendies": le silence est d'or! Silence, on joue! Je suis "le silence" !


La pièce s’ouvre sur la mort d’une femme : Nawal. Elle laisse en héritage à ses enfants une lettre les enjoignant de partir à la recherche de leur passé. De cette quête jaillit une confrontation impitoyable avec des origines innommables. Un face à face sans dérobade avec leurs propres racines les contraint à refaire le chemin que leur mère a effectué avant eux : celui du pardon. Il y a beaucoup de la vie de l’auteur dans ce drame haletant, beaucoup de ses souffrances et de ses traumatismes. Car chez Mouawad, l’intime et l’universel ne sont jamais très éloignés.
Présentation des protagonistes: il y aura trois mères, à trois âges différents, d'autres, identifiés d'emblée...Tout commence endiablé avec la présentation tonitruante du testament de la mère par le notaire, l'ami intime de cette dernière, devant les deux descendants, les enfants, jumeaux, tétanisés par les nouvelles: ils devront affronter la vérité de la succession, devenir filateurs détectives et enquêteurs dans un contexte brûlant, politique, économique et guerrier.
De quoi frissonner, mais aussi sourire et emboîter le pas de cette curieuse galerie de portraits, crus, sans chichis, ni flagorneries, brossés avec vivacité, justesse par un écrivain, enflammé, passionné .Il délivre ici un récit sans concession qui nous embarque trois heures durant dans les affres des secrets de famille, des horreurs insoupçonnées de la condition humaine!



Pourquoi la mère est-elle devenue muette, enfermée dans le silence total comme dans une folie psychique, un arrett du souffle: c'est le secret de "la femme qui chante" et qui réfléchit, l'énigme d'une amitié portée par la rebellion, le secret et l'horreur
L'une chante, l'autre, pas; le souffle sera le moteur de la vie et de la mort, le premier et le dernier cri de ces acteurs galvanisés par un texte froid, nu, empli de cruauté, de sarcasmes et de dureté
Le contexte de guerre, la situation torride verse dans le drame et la tragédie de notre temps: les familles sont des monstres qui s'auto engendrent et pétrifient le genre humain en autant de statues qui parlent in fine pour délivrer des secrets inavouables.
Les comédiens, mis en scène, aimés par Stanislas Nordet, sont sobres et brillants, justes et hurleurs de vérité, d'absurdités pourtant existantes et vraies.
La mère de Nordey, en mère vieillissante est sublime et son fils la magnifie, comme un cadeau, un hommage à la filiation de métier: la complicité est bienveillante et charme un temps Juste celui de l'épilogue où se révèle les aveux de chacun pour le pire...La famille recomposée, décomposée au complexe psychanalytique offert à la nouveauté: les enfants vont tuer le frère et le père!

Au TNS jusqu'au 15 MAI

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