A potron minet, on s'amuse!
Ils sont un trèfle à quatre feuille qui diffuse des fragrances de bonheur, comme une mélodie du geste rertouvé, une Madeleine de Proust, revisitée pour le plaisir des pupilles, des ouies ou de tout organe sensible de nos corps à l'écoute
Jeu est un autre, un panel de situations enchevêtrées, comiques, ludique où tout s’emboîte comme pour un puzzle, corps compris.
C'est drôle, décapant, ça frôle l'indicible légèreté des êtres ensemble qui se jouent des conventions tout en respectant l'ordre du monde. Faire, défaire, construire un univers chorégraphique et musical, de concert , c'est de la haute voltige qui se rit des embûches, traverses et autres obstacles L'heure de la récré a sonné, c'est fini, c'est dommage, on en reprendrait bien un peu de rab histoire de baigner sainement dans un monde originel, digne de l'enfance, celle qui sommeille toujours en nous et que les danseurs réveillent comme une Belle Au bois dormant!
Survoltage
On tourne la page, on passe chez les adultes, plein de "rage", d'énergie à canaliser, "dernier combat face à une société de l'indifférence".
Les danseurs gonflés à bloc, vêtus de superbes costumes designés au cordeau, éclaboussent le plateau d'énergie, de fluidité, de technique, de savoir faire: sans pour autant atteindre une émotion ou une esthétique originale: on y côtoie sauts, virevoltes et autres exercices de style impeccables, on sursaute, on vibre, c'est physique et partagé avec le public en empathie pour cette gestuelle irréprochable, presque trop "propre"et aseptisée.
Danse du mas faîtage (et gestes)
C'est comme une danse des bâtons, une construction de faitage, finition du toit d'une maison, sauf qu'elle se déconstruit sans cesse, maison de nomade qui se démonte et se remonte, ailleurs. Les deux danseuses comme des architectes sont filles d'aplomb, niveau et autres ustensiles indispensables à la construction d'un corps de bâtiment. Léger, versatile, mobile home en devenir perpétuel. Habiter et non "se loger" ou occuper l'espace, c'est à un architecte Trong Gia Nguyen que revient l'aspect plastique de cette sculpture manipulée, aussi mise en lumières par Françoise Michel, l'as de la scénographie du jeu lumineux.
"Des gens qui dansent (petites histoires des quantités négligeables) de NaïF Production de Mathieu Desseigne Ravel
Garçon boucher, morceaux de choix, pièces de boeuf à revendre !
Cinq garçons dans le vent, un animateur pour présenter le propos, au micro, qui agace à force de paroles qui n’atteignent pas leur but : bien plus éloquent est le glissement progressif vers la danse, le silence ou le bruit et le souffle des corps qui s'animent peu à peu et font la nique au verbe!
Un "morceau" de bravoure pour l'épisode sur le cheptel du chorégraphe qui prend un par un les interprètes de son écurie, tel du beau bétail,et les autopsie par la dénomination des "plats de côtes" ou "échine" ou râble" ou chair persillée: c'est juste ce qu'il faut d'irrévérence et d'humour, de distanciation, et là, les mots font mouche! De la viande, certes, de la barbaque bien moulée pour ces cinq "mecs" qui jouent sur le poids, l'inertie, la masse et offre aux regard la jouissance de la dépense physique qui impressionne tant nos sens et révèlent les danseurs comme de vrais athlètes au travail.
Kama Sutra distingué
Deux sculptures vivantes occupent l'espace du sous sol de la Fondation Lambert, centre d'Art Contemporain
Place à la plasticité des corps pour un duo désopilant, pince sans rire sur le sexe aseptisé: pause, attitudes kamasutresque, en collant latex sonore qui enrobe les corps, les moulent et les aseptisent! Ils sont "canoniques" ces deux corps, souples, acrobatiques, contorsionnistes, saisissants de beauté lisse, clinique
Seuls les accessoires les rendent dérisoires -perruques et autres falbalas-et racontent autre chose qui fait vibrer, sourire ou pénétrer d'autres mondes.Doués d'un humour féroce et sagace, d'un recul certain vis à vis de leur ego, les deux performeurs ravissent et laissent à leur place dans les deux salles attenantes les spectres ou mannequins de carton animés comme des pantins, à leur effigie
Plus une antichambre où le mimétisme pied de poule fait le beau et engendre fous rire et désolation de pitre très réussis! Morceau de bravoure pour ces deux escogriffes des arts plastiques.
A La Fondation Lambert
On achève bien les chevaux
Amateurs de dépense torride, de performance physique collective, ne manquez pas ce rodéo, cette chevauchée fantastique de corps survoltés, mus par une énergie inégalé, médusable et aux antipodes de la gratuité de l'effort pour l'effort
Transport en commun pour cette ode à l'humanité qui semble aller droit au but vers le vertige et le chaos, emporté par la foi, l'enthousiasme, l'empathie: pas l'endoctrinement, attention, vers une félicité revendiquée, bras ouverts, regard vers le ciel....Ovation finale du public, dressé sur ses deux jambes ou deux pattes s'il fallait tisser la métaphore animale.
Combinaisons débridées
Un trio à cinq qui s'interchangent sur la piste ou le ring, qui prend le plateau sans le lâcher c'est un vrai bonheur d'inventivité ludique. Les corps s'imbriquent, se repoussent, se chassent, s’emboîtent à l'envi, sans cesse dans des formes nouvelles inédites et l'on est jamais au bout de ses surprises, aux "prises" avec fondus, fluides, accrocs, embûches ou lissage des corps.
Joyeuse parade, cavalcade, défilé de numéros incongrus voisins du cirque nourris de performances style aérobic, c'est un plaisir partagé qu'il nous est donné de vivre en communion physique avec ses virtuoses des formes acrobatiques pétries d'humour et de verve.
Stupéfiant de vérité
On regarde le genre différemment, croyant avoir fait le tour de la question en mettant chacun, chacune dans sa case. Pas question ici d'étiquette, ni de genre, mais d'expérience d'être soi et de vivre pour un homme né, la femme réellement en lui: quitte à se transformer ou pas, à "rater" la métamorphose physique, mais pas celle d'être celle qu'on désire.Alors à bon entendeur salut! Que l'on jouisse de ce partage sans frontière ni apriori! Pour une danse habitée, vécue non comme un trouble mais comme une réalité , belle, touchante et réaliste. Ah, les filles, elles nous rendent marteau !
Au Hivernales CDCN d'Avignon
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire