jeudi 4 décembre 2014

"L'incomprise" de Asia Argento: les enfants s'émancipent en dansant!"

Aria, neuf ans, fait face à la séparation très violente de ses parents. Au milieu de leurs disputes, mise à l’écart par ses demi-sœurs, elle ne se sent pas aimée. Ballotée de l’un à l’autre, elle erre à travers la ville avec son sac à dos et son chat noir. Frôlant le désespoir, elle essaie de préserver son innocence.

Les enfants y regardent et imitent le monde des adultes avec férocité et tendresse à la fois.
Des scènes de vie sociale en disent long: imitation de comportements adultes où les corps se réjouissent et jouissent: surprises party où ça danse en caricature grotesque et c'est très réussi.
On pardonne aux enfants pas aux parents en déliquescence!
Une réalisatrice filme une famille italienne dysfonctionnelle mais attachante, vue à hauteur de fillette, où les parents passent leur temps à s’engueuler et se séparer, mais où la fraternité familiale crée un écrin d’optimisme et une poésie quotidienne pour des gamines forcées de grandir un peu trop vite. De quel film du 67e festival de Cannes s’agit-il ? Ironie cruelle de la programmation, L'Incomprise d’Asia Argento ressemblerait presque trait pour trait à Le Meraviglie d’Alice Rohrwacher, présenté quelques jours plus tôt. Mais passés ces points communs flagrants, Asia suit son chemin propre. A la bizarrerie de Rohrwacher, la fille de Dario répond avec un mauvais esprit amusé, comme une version apaisée de la fureur punk qu’on lui connait. Hélas, en terme de rythme et de montage, L'Incomprise conserve le côté bancal des précédentes réalisations d’Argento (le montage consiste ici à une simple succession de fondus au noir). Cette fois encore, l'ensemble ressemble à un collage de scènes qui manque un peu trop de liant.
Mais du Livre de Jérémie, Asia conserve ici le bienveillant focus donné aux enfants acteurs. De fait, la jeune Giulia Salerno imprègne la pellicule de son naturel, son curieux visage aux yeux perpétuellement grands ouverts dans un émerveillement triste et ironique. Elle se fond parfaitement dans la direction artistique brinquebalante d’Argento, qui lui fait coller des autocollants de George Michael et des Entrechats dans son cahier de texte avant de la faire fumer des pétards et vomir avec des clochards pour ensuite mieux organiser des viols de Barbie par Ken. La reconstitution des années 80 prend souvent le dessus sur le reste, et on finirait par ne plus distinguer que la perruque de Charlotte Gainsbourg au lieu de sa performance. Il faut d’ailleurs voir cette dernière dans son premier rôle de vraie garce, monstre d’égoïsme bon à être jeté par la fenêtre. Malgré cela, malgré la ressemblance des prénoms (l’héroïne s’appelle… Aria !), malgré les parents-stars de cinéma, Asia Argento jure que le film n’a rien d’autobiographique. Dommage dès lors qu’il ressemble à un catalogue de souvenirs. Ce n’est pas un défaut, mais c’est ici une limite que le film, qui ne propose pas grand chose d'autre, peine à dépasser.

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