Pour
son retour en compétition au featival de Cannes, après “The Artist”, Michel Hazanavicius
change de registre et s'attaque à la guerre de Tchétchénie. Mais si
l'intention est louable, “The Search” (avec Bérénie Bejo) manque
singulièrement d'audace.
Attention, virage ! Le réalisateur des OSS 117 et de The Artist
abandonne d'un coup ses univers en forme de brillants fac-similés, sa
légèreté comique et Jean Dujardin. Direction la réalité, la tragédie de
la vie : The Search croise quatre destins pris dans la seconde
guerre de Tchétchénie, en 1999. Une représentante de l'Union européenne
en charge des droits de l'Homme, un gamin qui a fui après avoir vu ses
parents exécutés devant lui, sa sœur, qui le cherche parmi des milliers
de déplacés, et un soldat russe à qui l'armée apprend à devenir un dur,
voire une ordure. Autant d'éléments qui, avant même le début du
festival, excitaient la curiosité : The Search a tout d'un
projet inattendu et l'effet était redoublé par sa présentation en
compétition. Qu'on ne peut plus comprendre après avoir vu film.Hazanavicius semble être parti dans cette aventure avec une candeur qui lui coûte cher. Lui qui avait, dans ses comédies, toujours une longueur d'avance, jouant avec le spectateur comme avec les codes du cinéma, se retrouve ici à la traîne de tous les films de guerre qu'on a pu voir depuis vingt ans et plus. Le regard qu'il pose sur l'inhumanité du conflit n'apporte rien de nouveau. Sa manière de filmer non plus. Ses histoires éclatées mettent le récit en morceaux au lieu de lui donner de l'envergure. The Search manque curieusement d'audace dans ses images mêmes, peu spectaculaires, jamais vraiment saisissantes. On pourrait faire crédit à Hazanivicius d'un sens de la retenue, de la sobriété, et c'est vrai que son film ne tombe pas dans le mauvais goût d'une guerre reconstituée pour le show. Mais il manque tant de personnalité que sa mesure finit par devenir neutralité fade. A l'image de ces scènes où l'enfant marche seul dans les ruines, comme dans Allemagne année zéro (1948) de Roberto Rossellini. Hazanavicius semble marcher dans les pas de ce chef-d'œuvre sacré sans s'en rendre compte, ou sans imaginer que sa version à lui de la désolation de l'enfance dans la guerre puisse, quand même, sembler un plus fade, un peu moins immense... Candide vraiment. Ce que confirme donc sa venue à Cannes, où son film vient de se prendre une volée de bois vert et ne sera pas apprécié. Car c'est sans doute la seule chose qui donne un peu de caractère à The Search : ne pas être du tout un film pour Cannes.
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