THÉÂTRE MUSICAL
Une pièce sur la disparition et la perte.
« All right. Good night. » Tels auraient été les derniers mots du pilote du vol MH370 de la Malaysia Airlines avant que l’avion ne disparaisse des radars, le 8 mars 2014.
Au même moment, Helgard Haug, metteuse en scène du collectif Rimini Protokoll, voyait son propre père gagné progressivement par la sénilité. De cette coïncidence entre l’un des plus grands mystères de l’aviation civile, désormais devenu un fait d’histoire mondiale, et son expérience personnelle, elle bâtit la dramaturgie d’une pièce sur la perte et la disparition dans laquelle la musique — portée par l’ensemble berlinois Zafraan — s’avère être le meilleur moyen de rendre sensible l’envol définitif des mémoires.
En prologue sept personnages sur le plateau semblent attendre l'embarquement de leur avion dans un aéroport virtuel. Attente de ce qui sera la fatalité: en vol, l'avion va se scratcher...Les cinq musiciens s'emparent alors de l'action, instants mémoire de l'accident fatal et irrémédiable. En saynètes et tableaux changeant, voici une trajectoire singulière, du hall, au tarmac, en passant par la plage ensablée des souvenirs heureux. Entre inquiétude, indifférence, désenchantement et fatalité, la pièce oscille et la mise en scène linéaire flotte lentement dans une nostalgie fataliste. Le xylophone tente d'entayer kla monotonie du souvenir et de dépasser l'angoisse de la perte. Le sable, délivré par deux brouettes laborieuses recouvre à paine la tristesse et le repentir de tout accident dont on se sent quelque part coupable. Des personnages, instrumentistes se profilent alors que deux comédiens ravivent l'esprit narratif des bandes qui défilent et plombent un texte banal et peu impliquant. Les images de la mer tranquille, insouciantes pour se refaire une virginité dans cette terrible épopée . La carcasse du boeing comme une baleine échouée pour scénographie d'arte povera.Carlingue, débris et bribes de musiques à l'appui. C'est un peu catastrophiste sans toucher ni remuer profondément. Pourtant, la mort, le deuil sont d'actualité...Rimini Protokoll peut mieux faire...Barbara Morgenstern et Helgard Haug ne parviennent pas à ébranler les interprètes qui restent en demi-teinte.
Au Maillon dans le cadre du festival MUSICAle 267 Septembte
2 commentaires:
Non, pas d'accord, je n'ai ressenti aucune nostalgie et si la scénographie reduit un peu la force du propos, la musique prend remarquablement en charge cet enchevêtrement des thèmes, très intelligemment écrits. On est dans un festival qui s'appelle Musica, non ? La mer n'est pas gentille, tu n'as pas bien regardé la vidéo, elle défile à l'envers et ce n'est pas anodin. Bref, c'est un bon spectacle musical, même si ce n'est pas l'oeuvre du siècle. Repenser sa durée, alléger la mise en scène.
(Jean-François Robic)
Enregistrer un commentaire