Un dance floor ou un body building center?
Des danseurs ou des gymnastes, contorsionniste, yogis, circassiens? Ou de simples adaptes de "un esprit sain dans un corps sain"? Masochistes de l'effort pour l'effort, de la dépense pour se surpasser ou rentrer dans les canons d'une société du paraitre et du faux bien-être dans sa peau?Des performeurs ou de simples quidams épris de gigotages histoire de perdre quelques kilos, du temps et aspirer à la reconnaissance de la société en arborant un corps parfait, glorieux mais "transpirant" à grosses gouttes?
Autant de questions soulevées par la chorégraphe suisse Alexandra Bachzetsis et son collectif "Association all exclusive", à l'invitation de Pôle Sud et du Maillon.
Sur le plateau, six danseurs, quatre danseuses pour la gente féminine, s'occupent de façon très nombriliste de leur corps, affichant orgueil, satisfaction, dégout ou indifférence. Sont-ils "réunis" par ce business corporel, ou isolés, hédonistes ou onanistes, pour le plaisir de cultiver l'égocentrisme qui mène à la faillite du monde humain, sensible et affectif?
Qui sont-ils donc dans cette micro-société qui affiche ses instruments de "torture", tapis de sol, ballons, reposoirs ou tout autre objet suggérant une manipulation gymnique ou physique?
L'effort avant tout: très belle séquence ou quatre compères font les bruitages de ces exercices sempiternels, pompes et autres gestes efficaces; ils rythment la perte de soi, la perte qui n'a de sens que pour celui qui regarde l'autre s'échiner dans l'effort vain!
Ils sont en training, en justaucorps, beaux et laids à la fois dans leur individualisme frénétique qui les conduit à interpréter un rock'n' roll déflagrateur en guise de conclusion: chacun pour soi, surtout et pas de bavure, même si dans les séquences vidéo simulant un tournage où corps et visages sont filmés en direct et projetés sur un tapis de sol en guise d'écran,une simple humanité tente de surgir...
On n'oubliera pas le final qui réunit -enfin- cette petite population à la vision étroite, autour d'un centre où de très belles images de bustes enchevêtrés, à la chevelure débordante, signent un petit manifeste de la promiscuité, enfin trouvée!Quasi du David Lachapelle, ou du Jeff Wall en images arrêtées, figées comme pour reconstituer des scènes de référence.Rainer Werner Fassbinder ne renierait pas non plus cette filiation d'inspiration idoine sur le masochisme, l'amour tordu, l'amour vache:le corps comme médium de notre humaine condition est bien "torturé" par l'image et la consommation!
vendredi 13 décembre 2013
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