Question de sexualité certes mais ici beaucoup plus que cela: elle danse devant nous, à proximité, louve ou loup aguichante, à l'allure martiale d'un macho de foire.
Accoutrement de circonstance, short, ceinturé, tee shirt noir, seyant,, genouillères et curieusement sur le torse, un chapelet-crucifix étrangement présent, posé sur la peau qui transpire, sue .
Pauses, attitudes, postures de cabaret, long corps sculptural qui s'étire dans de longs gémissements sourds, mâchement des lèvres: tout concourt ici à incarner une figure symbolique du désir sans retenue, du clin d’œil dirigé vers les fantasmes que projette le spectateur sur cet être fantasmagorique à souhait
Un corps au delà du désirable, parfois violent, dans une tension grandissante, qui enfle et éclate en mouvements plus que suggestifs de copulation (l'après midi d'un faune de Nijinsky n'est pas loin) et rôde dans cette ambiance torride, chaude, enveloppée de fumigènes vaporeux, trouble, moites.
Eisa Jocson est d'une beauté troublante, lisse, scintillante, sa chevelure se jouant des hochements de tête fébriles, prenants, envoûtants. Changement de short, de peau, de plus en plus "juste au corps", corpus dei révolté mais soumis aussi à l'esclavage de notre regard. Voyeur, mateur, intrusif ou juste indescent, le jeu en vaut la chandelle, celle que l'on devine sous le cuir et qui se montre, se caresse devant nous.Obscène, derrière la scène, derrière nos paupières qui ne peuvent se refermer à la vue d'un corps ondoyant, basculant, se donnant, s'offrant comme une marchandise à déguster sans modération.
Le propos pourtant s'épuise et la fascination n'opère plus: désenchantement, artifice qui part en fumée et laisse un parfum de frustration! On aurait envie de courir au cabaret pour goûter à la trivialité, la dureté d'un spectacle vrai ou le faux et l'artefact ne seraient pas de mise.
Plus d'audace, plus de harcèlement envers nous, ferait de cette démarche un vrai mate-show où l'homme ne serait pas que caricature, mais incarnation démoniaque du désir, de l'envie, de la soumission...Plus loin, toujours plus loin dans l'univers du trouble, du flou, de l'indicible....
Au Maillon Wacken jusqu'au 21 Mai 20H 30
A propos de :
."En lourdes bottes de cuir, short moulant, débardeur noir, Eisa Jocson s’avance sur la piste de danse, ondule puis se cambre au milieu des convives, comme il arrive chaque soir dans les clubs de nuit philippins.
Ces clubs, où des hommes dansent pour des hommes – plus rarement pour des femmes – sont uniques aux Philippines. Ce phénomène produit un langage de séduction très particulier car ces hommes, qui disposent de leur corps comme d’un capital, sont ainsi relégués dans une position sociale faible, alors même que leurs gestes portent tous les signes de la virilité.
Incarnée ici par une femme, cette transposition du langage révèle toute l’ambiguïté du sujet, en même temps qu’elle le trouble par une confusion des genres, dans lequel, finalement, chacun de nous s’enchevêtre.
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