dimanche 29 mai 2016

Osez Joséphine! Calder et Baker: du fil à retordre!

Installé à Paris en 1926, Calder entame la problématique d’une sculpture métallique vide, dématérialisée, qui sera poursuivie en 1928-1929 par González, Picasso et Lipchitz. En 1926, il crée ses premiers portraits en fil defer, Joséphine Baker I (exposé en février-mars 1928 à la Weyhe Gallery de New York avec d’autres sculptures en fer) et Boxeur nègre en haut-de-forme , l’un et l’autre disparus mais reproduits comme « jouets de Calder » (Les Échos des Industries d’Art , n° 25, août 1927, p. 23). Ils sont contemporains de son travail sur les figurines du Cirque (1926-1931, New York, Whitney Museum), réalisées en fil de fer ou en laiton et habillées de tissus, papiers et autres objets hétéroclites. Les sculptures isolées de vedettes du cirque, du music-hall ou du monde artistique, réalisées entre 1927 et 1930, sont exécutées en fil de fer seul, à l’exclusion de tout autre matériau, comme un dessin dans l’espace traçant des silhouettes ou des visages vides. Entre 1927 et 1929, sans avoir jamais vu son spectacle de « danse sauvage », l’artiste consacre une série de cinq sculptures (New York, MoMA, et coll. part.) à « l’étoile noire » de La Revue nègre du théâtre des Champs-Élysées, l’Américaine Joséphine Baker (1906-1975), dont la beauté et le numéro trépidant de danseuse nue, à la taille ceinturée de plumes ou de bananes, inspira d’autres artistes, comme Matisse.
 La pièce du Mnam pourrait être la quatrième version de l’ensemble constitué de silhouettes, toutes comparables mais aux postures et aux gestes différents, suspendues dans l’espace par un fil. Le premier exemplaire est perdu, ainsi que celui seulement connu par sa reproduction photographique dans un numéro de Acht Abendblatt (Berlin, 8 avril 1929). La dernière sculpture, Aztec Joséphine Baker (1929, coll. part.), est la plus grande et la plus abstraite. Une Danseuse anonyme, également disparue, est reproduite dans le numéro spécial « Calder », de Paris Montparnasse du 15 juin 1929. Une figure allongée à quatre pattes intitulée La Négresse (la mère de Joséphine Baker) de 1928 complète la suite. La ductilité du fer forme une silhouette souple et dégingandée, soulignée par des seins et une taille spiralés, qui donne une image très vivante, à la fois caricaturale et réaliste de l’artiste, célèbre pour la sensualité provocatrice de son charleston.
Références bibliographiques :
Calder , cat. exp., Jean Cassou (préf.), Paris , Musée national d’art moderne , 8 juillet-15 octobre 1965
Alexandre Calder , Autobiographie , Jean Davidson (trad.), Paris , Maeght , 1972

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