vendredi 17 novembre 2017

"Celui qui tombe": moins dure sera la chute ! Mobile Home et escarpolette circassienne...


Mise en scène Yoann Bourgeois // CCN2-Centre chorégraphique national de Grenoble // Présenté avec le TJP. La séance du 17 novembre à 14h15 est réservée aux scolaires. 
"C’est une partition de haute voltige. Dans «Celui qui tombe», six personnes défient les lois de la gravité, courent à tout allure, trébuchent, chutent, se rattrapent, se relèvent, s’enlacent. Comment faire face au déséquilibre ? C’est la question d’abord physique de ce groupe d’humains en quête de coexistence dans un espace circonscrit. Car le plancher qu’ils habitent ensemble tient autant de la balançoire que du radeau menacé de sombrer : suspendu dans l’espace, ce grand carré en bois bouge, bascule, tournoie. Ivres de vertige, les six danseurs-acrobates tentent de dompter ce sol qui ne cesse de se dérober. Tenir l’équilibre est un défi – s’organiser de manière collective pour y parvenir tous ensemble l’est d’autant plus. Lutter contre la chute ou prendre le risque de tomber, rester soudé ou s’isoler, danser, se figer, s’agripper ou s’épauler : comment lutter contre la disparition ?"



Il y a un personnage singulier sur la scène: un plateau de bois, mobile, ou "mobile home" qui deviendra vite le partenaire singulier, corps, objet du délit!Immense plaque tournante, fabuleux "trampoline" mais dur et à battons rompus...C'est étrange: six personnages en quête d'équilibre vont s'affronter à cette machinerie d'enfer, sorte de plaque tournante, nostalgie des scènes tournantes de bois, des théâtres à l'italienne!Ce plancher "des vaches" va devenir le "lieu" de tous les possibles, piste de non-cirque, carrée, mobile, comme un "mobile" de Calder qui répondrait aux sollicitations de poids, force, résistance des êtres qui s'y confrontent.Comme dans un jeu, un espace ludique où l'enfant expérimente et découvre, mobilité, harmonie, combat!Ils expérimentent la paroi abrupte du praticable qui se dresse, s'érige comme obstacle, glissent, tentent obstinément de franchir le sommet, grimpent et re-glissent comme dans un comique de répétition...Un rocher de Sisyphe?
Vêtus en citadins, sobres, de couleurs parés, ces figures fascinent et hypnotisent dans les formes groupales en équilibre ou déséquilibre périlleux, face au vent, au souffle, retenus en apnée, dans le risque et le danger constant de chuter, dans des oscillations déroutantes.Les airs et l'éther semblent absents de ce cirque fabuleux: le poids, les accroches terrestres dominent...On s'amuse, on se joue de l'apesanteur, on se suspens , on pousse et retient ce praticable, carré de tous les possibles Le petit groupe, soudé par la lutte, le combat singulier avec ce monstre, va de l'avant: des instants de silences, les corps en suspens, sont de bon aloi. On expérimente les glissades, les audaces pour mieux dompter la bête.La voix, le chant y deviennent émission naturelle, organique, à la renverse, suspendu, on émet des mélodies grégoriennes et le son, à l'envers passe encore mieux!Pourquoi pas? Le plateau vole, abri ou menace, habitacle, home sweet home pour tribu en passe à la chute libre...contrôlée!
Et le risque est de mise pour créer la tension dramatique qui s'installe peu à peu.
Bel ouvrage que cette évocation très tonique et physique d'un univers qui bascule, d'une balançoire gigantesque qui fait office de balancier mécanique, mu par la force humaine
Au final, c'est le ressac de la marée qui les enfouie, les absorbent, les traînant au sol, les bousculent et font obstacles à leurs courses folles!
C'est beau et émouvant, tectonique et enivrant, sur le fil des falaises où tout peu basculer, toujours.
Pousser l'escarpolette ou voyager dans ce mobile home suspendu à notre souffle, inquiet, en empathie avec ses sis personnages en quête d'aventures déséquilibrantes, décalées, risquées, haletantes!
Yohann Bourgeois touche au plus sensible, escalade des parois visibles et invisibles, part à l'ascension de sensations infimes à transmettre: vertige de la danse, du mouvement, sans fil d'équilibriste, ni de tendeur de funambule. On ouvre grand les yeux et retient son souffle, en quête, nous aussi de jubilation sensitives, d'expériences corporelles inouïes: c'est transmissible et pas "contagieux", salvateur et onirique à souhait: un bain de jouvence pour "déséquilibrés" !

Au Maillon, Wacken jusqu'au 18 Novembre




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