vendredi 13 janvier 2023

"Exposition: la danse du temps suspendu" : danse in situ photo-graphiée, litté-rarifiée. Aux bancs de la danse-cité.

 


Irena Tatiboit crée des événements dansés, chorégraphiés et mis en scène avec l’association Le Carré d’Art. Les danseur.euses sont mis en relation avec des espaces publics emblématiques de Strasbourg, hors de leurs conditions habituelles – la salle de danse ou un théâtre. Ces spectacles, par nature éphémères, sont documentés par la photographie et les mots, trouvant alors une forme de permanence à travers l’objectif de Francis Gast et la plume d’Ambroise Perrin, puis la publication d’un livre. Les spectateurs deviennent des lecteurs !

La danse hors les murs mais pas hors sol se dévoile sur les cimaises comme un panorama urbain fixé par l’œil"objectif" d'un faiseur d'images Francis Gast, puis d'une plume alerte d'un écrivain-rédacteur poète Ambroise Perrin. Danse colimaçon au cœur d'une sculpture en spirale d'escargot, trônant aux abords de la place de la République: comme des petits soldats piqués dans cet escalator aux pentes douces, rythmées par une architectonique de plaques rectilignes. Les silhouettes y grimpent en ascension comme une parade sacrée, un cortège mystique votif. Autan suspend ton vol en apnée, en danse suspendue aux cintres d'un théâtre naturel, cité-ciné de plein air, de plaine ère. Hanté par les corps en suspend de ces jeunes nymphettes qui courent sur les rails du tram, pieds nus dans l'herbe, isadorables créatures de rêve. Absorbé par ces corps en collant académiques noirs alanguis dans les vasques du port Malraux. Enchantés par ces âmes dansantes au jardin de ST Pierre le Jeune, comme en danse chorale pour une cérémonie mystiques.Choeur et danse collective au sein de la cité, les chorégraphies magnifient l'estrade, le piédestal à contre courant du statuaire contemporain: les corps émergent, se dressent ou se ploient en osmose avec environnement et décor, artifice architectural ou berceau de verdure comme au parc de l'Orangerie ou aux jardins, parcs et espaces verts de la ville. Magnifier la danse in situ à partir de chorégraphies pré-existantes n'est pas simple calcul. Penser la danse comme prolongement rythmique et esthétique de la mise en espace des lieux publics, penser la danse comme élément vivant de l'occupation des sols! Eco conception du geste et de la place de nos atours corporels, comme un nombre d'or de la mise en scène. Irena Tatiboit fait dans l'excellence d'un concept rabâché: la danse hors les murs, comme autant de murmures soulignés par la plume vive et acerbe d'un écrivain de charme. Oser déposer des mots sur le mouvant et l'éphèmère sans les scotcher pour l'éternité. De même pour les photo-graphies qui dévoilent le cadre sans chichi de mise en scène ou de point de vue extra-divagants. Jardinet gothique du musée de l'oeuvre revisité dans ses interstices où se lovent les corps assoupis des femmes allongées en corps endormis, ensorcelés.La beauté des "décors naturels" révélés par la présence des interprètes, femmes tout de noir, ou de tuniques colorées vêtues,ambassadrices d'un message secret chuchoté par photographie et poésie. Architecture en pétales de fleurs, communion d'un groupe qui change et se métamorphose continuellement sous la direction d'une choré-graphe, écrivain, auteur d'une narration fantasque.

Et ô surprise, le soir du vernissage au 5 ème lieu, une performance inédite au sein du lieu d'exposition. Une flute animée par un musicien joueur , habit vermeil au corps pour accompagner une danseuse, de rouge vêtue, pieds nus. Déambulation sur tout l'étage prenant en compte les espaces architecturaux, voisins de ceux des paysages de la cité, évoqués sur les cimaises. Sur les blocs, cubes, sous les espaces tabulaires, les appuis de cette jeune femme qui danse, soulignent les fondements de cette gestuelle, ancrée, périlleuse qui s’immisce dans les failles de l'architectonique de ces praticables. Avec grâce et souplesse,  Clara Jehmlich, sur la musique de Baptiste Asenciose glisse dans les méandres de l'éther, aborde les reliefs et obstacles comme des partenaires et danse avec tous ces éléments, nous conduisant sur les dérives de la création chorégraphique in situ. Arcboutée, sensuelle,en alerte, épousant les formes déclinées par les modules spatiaux des salles d'exposition.Le voyage prend tout son sens sur l'île du territoire de la cité, vaste plate forme, estrade où la danse se déploie au sol en toute visibilité Encore un clin d'oeil à ce "socle" qui magnifie les corps des statues de nos parcs et jardins. Et  la danseuse, guidée par la musique en live,  se fait  faune d'un Picasso mouvant, ému par tant de poésie. Au final, une rêverie sur un banc public, comme épilogue à cette histoire utopique des corps composés pour vivre "confortablement" dans le mobilier "national" de la cité revisitée dans tous ces centres d'évolution publics.

Évènement se déroulant au 5e Lieu, 5 place du Château, 67000 Strasbourg

Du lundi au samedi de 11h à 18h – attention dimanche fermeture à 17h 

Publication du livre « La danse du temps suspendu »
"Avec des élèves du Carré d’Art, nous avons crée une vingtaine de moments-spectacles-éphémères dans des jardins remarquables, des forêts ombrageuses, des champs prometteurs et d’autres espaces verts de la Ville de Strasbourg ; c’est ce qui a motivé la création du livre « La danse du temps suspendu ». Son titre est une référence très précise du moment, dans le déroulement d’un mouvement, où la mobilité s’arrête momentanément… et cette suspension du temps est devenue notre actualité. "Vous pouvez acheter le livre sur le site : www.editionsbourgblanc.com

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