dimanche 29 janvier 2023

"Hellzapoppin": Yvonne Rainer: le retour! "What about the bees": un extracteur de rayons de mouvements en inventaires, des cadres cinématographiques et du pollen en récolte!

 


Ouvrant son programme 2023, Kunsthalle Baden-Baden accueille Yvonne Rainer pour la première européenne de HELLZAPOPPIN` : "what about the bees": "A propos des abeilles ?"
 

On débute la soirée avec un film d'Yvonne Rainer de 2002 "After many a summer dies the swan: hybrid"qui nous nourrit de sa philosophie de l'histoire de l'art aux prises avec la bourgeoisie austro-hongroise. Art de confort, décoratif à l'encontre d'un art subversif et iconoclaste.On y déguste les images de danse dans un cadre allongé, rétréci où les danseurs semblent se glisser pour mieux ramper au sol, s'y lover. Image, cadre qui les emprisonnent et tronquent les mouvements. Le montage, entre texte écrit,parlé et icônes fonctionne sur des identités de territoire et l'on plonge dans la pensée d'Yvonne Rainer en précipité intellectuel efficace. Une réalisatrice-cinéaste confirmée.

Puis deux groupes de danseurs prennent la scène de la Staatliche Kunsthalle de Baden-Baden transformée à l'occasion en plate forme, plateau de danse-performance.
Trois femmes d'un côté et quatre autres( trois femmes, un homme) de l'autre. Côté cour c'est "Hellzapoppin" avec des clins d'oeil aux figures de cake-walk ou lindy-hop du film, côté jardin des figures et attitudes, des postures mythiques de la gestuelle d'Yvonne Rainer: portés, glissades, tâches à exécuter avec soin et précision. Les danseurs y sont à l'aise, désinvoltes, souriants, complices.On est avec eux en empathie de par la proximité sur les gradins, près des projecteurs. Le style est décontracté, sans nostalgie des premiers pas et expériences chorégraphiques minimalistes. Mémoire, patrimoine ou répertoire de la danse d'aujourd'hui ou de la modern dance, on choisira de considérer cette pièce comme  un "conservatoire", bocal joyeux de la danse vivante.Toujours en baskets et trainings colorés, vêtements libres et confortables. Terpsichore en baskets comme à l'époque!
 
Une chorégraphe, une reine "marquée" par ses ouvrières à la "tâche". Kleck ! Aufgabe?

La ruche bourdonne, s'affaire: le miel se fera grâce à tout le personnel vibrant d'une ruche en état de siège. Les "taches" sont nombreuses, de la ventileuse à la nettoyeuse.,
Dans cette pièce, la pertinence philosophique, physique et historique de TRIO A est réajustée en fixant une partie de la danse en une réhabilitation. Sa forme, son vocabulaire et sa posture performante remet en question les méthodes chorégraphiques traditionnelles et les styles de présentation. Près de cinquante ans après sa première performance, l'impact des idées révolutionnaires et du travail de Rainer et de ses coéquipiers Judson se fait encore sentir dans la scène chorégraphique actuelle.
 

Avec Pat Catterson entre autre qui a collaboré avec Yvonne Rainer pour la première fois en 1969 et a dansé "TRIO A". Elle a assisté et dansé pour elle depuis son retour à la chorégraphie en 1999.

27, 28 et 29 janvier 2023 à la Staatliche Kunsthalle à Baden Baden
 
lire: "un ennui radical, Yvonne Rainer danse et cinéma de Johanna Renard 
 
Projet novateur accompagné de nombreuses photographies, ce livre retrace de manière claire et précise les performances chorégraphiques et les films d'Yvonne Rainer, figure majeure de la danse et de l'avant-garde new-yorkaise, au prisme de la question de l'émotion. Une en particulier est évoquée, celle de de l'ennui. Ce sentiment relève d'une recherche de l'impersonnel, voire du détachement froid (le cool, ou le zen), revêtant une dimension politique dans l'art new yorkais des années 1960. Il apparaît renouveler la perception : les oeuvres déconcertantes ou teintées d'ennui n'éloignent pas d'une forme d'émotion ou d'affect. Bien loin de caractériser une inflexion terne et abrutissante, l'ennui peut s'avérer révélateur, et déplier des impressions inédites. Pour ce premier ouvrage sur la danse et le cinéma d'Yvonne Rainer, très documenté, l'auteur se focalise sur les théories queer et féministes, prend appui sur un riche corpus d'écrits philosophiques méconnus en France, sur la philosophie de l'émotion. On découvrira avec ce livre la notion de stuplime, soit l'accent porté sur cet état particulier où l'ennui confine au sublime, forgé par la théoricienne Sianne Ngaï. Variant avec les périodes historiques, culturelles et sociales, l'émotion contribue à définir des communautés artistiques et historiques.

 

 

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