vendredi 27 janvier 2023

"Rain" de Meytal Blanaru : mémoire de l'intime, blessure et suture au poing.

 


Meytal Blanaru Belgique Israël solo création 2020

rain

Entre violence et vulnérabilité


"Souvenir et mémoire d’enfance traversent la danse délicate et sensible de Meytal Blanaru. Dans rain, la chorégraphe revient sur un événement traumatisant, déchirement de l’intime que les détails du mouvement révèlent peu à peu à travers le corps et ses transformations. Elle fait de cette pièce un face à face public, droit dans les yeux, jambes campées dans le sol mais dont le tempo peu à peu se dérègle. De l’acte prédateur subi à ses effets sur le corps, c’est alors une autre facette qui se révèle. Vibrant témoignage, qui s’énonce à partir du silence et de la fragilité exposée. Parce que dit-elle : « Les souvenirs laissent des traces, parfois physiques, parfois dans nos esprits. Ces traces sont ce qui me donne envie de danser, le moyen le plus simple et le plus direct de communiquer. “
 
Épaule dénudée, elle frôle son corps, le touche, l'ausculte délicatement, se mesure avec doigté, se caresse doucement. Simple, collant noir et chemise légère verte: son regard scrute le public, regard d'acier, lumineux, clair, volontaire. Puis rampe au sol , désirable, langoureuse, sensuelle, vulnérable et fragile.En poses statuaires, le corps déhanché, asymétrique, décalé, elle évolue dans un espace restreint. Puis peu à peu elle se métamorphose: effrayée, inquiète, menacée, agressée Elle rejette le mal, lance ses gestes, et soumise, souffrante offre une image maculée, pliée, ramassée. La musique mécanique scande le tout comme menace et exécution implacable, irrévocable. Seule au sol, abandonnée, délaissée, sacrifiée, épuisée. Honteuse, écœurée, défaite dans le silence, échevelée, bouleversée et bouleversante de vérité. Éplorée, elle semble extraire le mal, la blessure, rejeter le malin, évacuer l'indicible... Chasser de son corps les traces, empreintes d'une agression subie et ici offerte en témoignage poignant et sobre, empreint de discrétion, de sobriété très pertinente. Meytal Blanaru en impose sans fioriture ni discours bavard sur un sujet brûlant.

 

A Pole Sud les 24 25 Janvier dans le cadre du festival "L'année commence avec elles" 

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