vendredi 17 janvier 2014

Rhim, Campana: l'Accroche Note a de la voix! Et fait danser l'étranger!


Un superbe programme de musique d'aujourd'hui, pour ceux qui s'en nourissent et déplorent parfois de ne pas en entendre plus souvent!
Heureusement l'ensemble l'Accroche Note palie à cette déficience en programmant régulièrement-hors Musica- de beaux programmes mixtes ou contemporains!
Nous voici donc dans l'auditorium de MAMCS, réunis-public chaleureux et suffisamment nombreux-pour ce programme Rihm, débutant par un solo de piano "Klavierstuck Nr 7 1980", très dense où Michèle Renoud excelle en doigté, concentration et force d'interprétation:ambiance sereine, posée, calme d'une musique contenue, gracieuse.
"Chiffre IV " 1983 " et "Heine zu Seraphine" 2006, deux œuvres de Rihm s'enchainent, la dernière pour piano et soprano, démontrant que Heine, le poète se prête à être mis en musique et interprété par voix de maitre par Françoise Kubler: Voix profonde, contrastée, mature, déployant des sons denses qui confèrent à l’œuvre une dimension poétique rare et précieuse.
Surprise après une longue préparation tecnique du plateau: "Babel (....ou le jardin d'autrui), une création pour soprano,clarinette, violoncelle, piano et percussion de José Luis Campana!
Oeuvre dédiée à l"ensemble, coproduite par le MAMCS, s'il vous plait!
Ce n'est pas peu de dire "surprise" tant l'oeuvre est subtile, tonique, déroutante et sans pareille!
Du sur mesure, cousu main, pour Françoise Kubler qui démarre sur les chapeaux de roue:petits cris, intonations quasi japonaises, changement de personnages dans un dialogue à nu, drôle, friand de cocasserie, d'humour!Partition pour voix féminine et quatre instruments, composée de neuf brèves pièces, ce morceau s'inspire dans la lignée du théâtre musical, de la voix d'une jeune fille MadU, de l'enfant TitU, d'un gardien de la forêt et du vieux VizcaCHa...Inspirée tant par des sonorités orientales, que japonaises, Françoise Kubler se métamorphose en Sumo, Geisha, et tant d'autres elfes, sylphes ou petits nains de jardin: une population rieuse, dense, se bouscule à ses lèvres, son jeu est simple, sobre et très illustré, parlant autant de langues "étrangères", étranges et insaissisables!
Quel charme et quelle dynamique dans ce paysage vocal musical foisonnant, illuminé dans une obscurité scénographique hélas contestable..
A quoi bon un fond lumineux style palmiers de pacotille qui de surcroit doit gêner les interprètes, dans un noir injustifié qui ne sert en rien à rehausser une oeuvre qui mériterait plutôt gaieté, lumière et scintillance!
La voix chantée, parlée, chuchotée avec des sons gutturaux, imitant d'autres timbres, sur des textes inspirés de langue de tradition orale est source de jubilation, de plaisir d'écoute et toujours surprenante!
Et la dernière pièce se fait DANSE, celle de MadU et TitU: la voix s'y fait instrument et se fond avec les autres, à part égale avec piano, clarinette, violoncelle et percussions.
Que du bonheur, vif, humoristique et très savant à la fois: Campana a bien ajusté au plus proche des corps, voix et instrument sa "griffe" de couturier du son pour vêtir et habiller de façon inouie, l'ensemble que chérit la musique d'aujourd'hui.
Haute couture pour défilé du son très poly sons!

1 commentaires:

Le Salon de Musique a dit…

Quelle vivacité et dynamisme sur scène!

Enregistrer un commentaire