mercredi 22 janvier 2014

The Pyre de Gisèle Vienne: Fiat Lux!

Gisèle Vienne explore dans The Pyre la création d’une pièce très en tension, au rapport impossible aux mots et à la narration. L’écrit – le roman de Dennis Cooper – sous-tend toute sa chorégraphie et le geste muet tente d’étouffer cette narration à travers son abstraction. Leur collaboration s’aventure le temps d’un spectacle dans les méandres d’un paradoxe essentiel à la danse, toujours prise entre abstraction et narration. Gisèle Vienne, interroge en profondeur la forme même du spectacle en troublant notre perception. Le geste trouve son prolongement dans le silence, ou plutôt dans la voix intérieure du spectateur, qui, après avoir assisté au spectacle, découvrira le texte de Dennis Cooper sous la forme d’un court roman distribué au début de la représentation.En résidence "européenne" à Strasbourg à l'initiative du Maillon et de Pôle Sud, la chorégraphe prend ici ses marques et ses attaches avec un brillant solo de Anja  Rottgerkamp: une femme oscille dans un univers plastique évoquant un tunnel dont les parois ne cessent de vibrer dans des étincelles de leds qui façonnent un réseau vibratile hallucinant.
Elle semble en interaction avec ce dispositif surdimensionné qui la dévore, l'enferme, l'hypnotise au point parfois de la tétaniser. Son corps vêtu d'un "justaucorps"argent se déploie dans cette atmosphère rehaussée par un enregistrement musical très tendu, qui va crescendo jusqu'à  l'ultime déflagration, détente et résolution d'un geste unique.La lumière est son seul partenaire, hormis l'apparition du fils, un jeune homme qui tente de la divertir de cette folie intérieure qui la consume, comme au bucher.
On songe au travail plastique de Julio Leparc ou de Ikeda où la cynétique renforce la perception dynamique du temps et de l'espace en immergeant le spectateur dans les volumes architecturaux revisités...
Le travail de Patrick Riou et de Gisèle Vienne, qui créent une véritable sculpture lumineuse, et la composition musicale de Peter Rehberg et Stephen O’Malley, mélange de musique électronique et de guitare électrique, participent de la physicalité de l’expérience très sensorielle que propose The Pyre.

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