mardi 20 mars 2018

L'âge des héros (suite)

Héros anti héros

Pour ce qui est des héros, analyse à partir de "à nos héros" de Angelin Preljocaj et "Heroes" de Radouane el Meddeb
"Heroes"
Radhouane El Meddeb a conçu cette pièce en observant les jeunes interprètes sur le parvis du CENTQUATRE à Paris. Breakers, vogueurs, hip-hopeurs, son regard est attiré par la pulsion de vie de leurs mouvements vifs, de leurs désirs aiguisés. Il tente de comprendre ce qui se joue sur cette scène de bitume étrangère à son univers poétique, dans ce cercle improvisé où ils se jettent, fragiles, parfois perdus, à la recherche de l’autre. S’appuyant sur les détails de cette vitalité qui a déplacé sa vision de la danse, il créé un spectacle avec neuf de ces héros acharnés de danse urbaine.
Avec le soutien du Centre des Monuments Nationaux et dans le cadre de la première édition de la manifestation Monuments en Mouvements, Heroes, prélude, une première forme de 20 minutes, est présentée au Panthéon, qui accueille pour la première fois de la danse contemporaine, les 14 et 15 avril 2015. La pièce intègre alors dix interprètes.
"A nos héros"
Angelin Preljocaj crée un langage chorégraphique exprimant les différentes facettes du héros à partir de l’imagerie tirée du « réalisme socialiste ». Le mythe du héros suscite en nous des sensations souvent ambiguës et contradictoires mais toujours paroxysmiques. Il est à la fois un personnage public, universellement reconnu, et profondément isolé, seul face à ses actes. Il suscite le sublime et le dérisoire, l’identification et le rejet. Il est créateur de l’événement, agit pour et par exemple.
En mêlant le style monumental du décor à l’expression cunéiforme et géométrique de la chorégraphie, l’univers de À nos héros prend sa vraie dimension poétique.



Pour revenir au travail de Nadia Vadori-Gauthier "une minute de danse par jour" on parle de antihéros, du quotidien, du banal.
(Dans "la naissance de la tragédie", Nietzsche évoque l'apollinisme et le dyonisisme: apollon est cette entité créatrice et mythologique du côté du rêve et d'une certaine harmonie, et dionysos est du côté du corps mais aussi et surtout de l'Ivresse, de la fête. (musique et danse)
Dans la dialectique de la raison de Adorno et Horkheimer un chapitre est consacré au corps: "l'importance du corps": il est écrit: les œuvres de la civilisation sont le produit de la sublimation, de cet amour-haine pour le corps. Puis "la tradition juive conserve une répugnance qui lui interdit de prendre les mesures d'un homme avec un mètre, parce qu'on prend les mesures d'un mort pour le cercueil")
"On ne peut penser qu'en dansant ou en marchant" de Nietzsche pour les espaces de la vie courante en danse
Dans "Différence et répétition" de Deleuze: ce qui se répète, une certaine façon de bouger.

On songe aux "anti héros" de la danse moderne aux Etats Unis: Trisha Brown, Simone Forti, et la "Judson Church"
Ces débuts spontanés et modestes basculent dans le manifeste esthétique. Le Judson Dance Theater, qui rassemblera musiciens, cinéastes, plasticiens, deviendra le porte-étendard du mouvement postmoderne. Ses injonctions : rejet des conventions spectaculaires, revendication de l’expérimentation à travers l’improvisation. Ces artistes se dressent contre la virtuosité, les formes reproductibles, la hiérarchie danseur-chorégraphe. Ils prônent l’expérience de soi, le processus, le quotidien… Sous l’influence de la chorégraphe californienne Anna Halprin, qui mène dès les années 1950 à San Francisco une recherche sur la notion de « tâches » comme, par exemple, balayer, les actions fondamentales, comme marcher, s’asseoir, deviennent des tremplins de recherche.


On songe à la démarche de Raimund Hoghe dans "Swan Lacke" ou "Pas de deux": dépouillement, monstration d'un corps hors du commun....

A "La chute d'Icare" de Frédéric Flamand (fabrizio plessi et michael nyman)

A Hofesh Shechter dans "Barbarians"
Qui sont les barbares auxquels Hofesh Shechter fait référence dans le titre de sa trilogie ? Des êtres privés de langage, de culture ou bien des jeunes gens immatures que l'on aimerait former ? Le chorégraphe londonien aime les allusions, les invitations à réfléchir, moins les explications. On pressent cependant une mise en jeu des instincts, un voyage à la frontière entre la bête et l'humain.

Et puis le héros du Thalys Alek Skarlatos n'est-il pas devenu le danseur de "danse avec les stars" avec Lindsay Arnold ....Ce que la danse a fait du terrorisme....! (voir la chorégraphie triomphante, les assauts des corps contre l'obstacle...la victoire en dansant !)

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