jeudi 15 mars 2018

"Live at home" n° 11 : faire bon ménage à trois ou "cosy fan tutte"...


Pour cette onzième édition, les Percussions de Strasbourg invitent l’ensemble vocal contemporain Voix de Stras' - Catherine Bolzinger dans un programme hétéroclite autour de trois compositeurs. 
L’espace scénique aménagé tel un grand appartement représente le terrain de jeu de quatre percussionnistes et de quatre chanteuses dirigées par Catherine Bolzinger. Ils s’approprient l’univers débridé et plein d’humour de John Cage, dans un décor saugrenu en faisant appel à des outils technologiques du quotidien. Tout au long de cette fête, l’électronique de Tom Mays et ses œuvres nous accompagnent et ponctuent la poésie subtile, envoûtante et puissante de Nikolet Burzyńska.

Sur le plateau règne une ambiance cosy, on tricote, époussette, on fait des pompes, on papote, on bouquine, on brique les colonnes doriques...On s'affaire...En tenue décontractée pour les quatre hommes, plus classe pour les quatre femmes...Et c'est l'ouverture officielle: on nous promet les noces des voix-l'art de la ligne- avec les percussions-l'art de l'impact- et l'on y joint l'électroacoustique!
Et une bonne loupe pour transformer notre vision du son!
La mise en scène s'annonce ludique et joyeuse: on est chez soi avec ses ustensiles du quotidien.

PROGRAMME DU CONCERT, en coproduction avec Voix de Stras':

Tom Mays / Intro / 3’54 (2016)
Tom Mays / Outro / 1’27 (2016) Extraits de Notes de Voyages démarre le concert.

Des sons lancinants, envoûtants qui se prolongent à l'infini. 

Nikolet Burzyńska / La Féminité / 7’ (2013)

Les voix se fondent, psalmodie en "A", voyelles en-tuilées, beaux aigus profonds des chanteuses, suspensions, prières et rebonds, cris.D'infimes tenues, vibrations subtiles: que des bonnes ondes électroacoustiques et vocales ! Un travail fin et distingué, tendre et retenu.

Tom Mays / Unvoiced / 5’ (2018) - Création mondiale
Sur des objets hétéroclites, l'atmosphère naît de rencontres sonores inédites, inouïes et ordonne une ambiance surprenante.

John Cage / Credo in US / 12’ (1942)


Sur des objets hétéroclites, l'ambiance naît de sons incongrus, comme pour une petite cuisine "note à note" inventive, suggestive: des clapotis et résonances sur un îlot de cuisine avec bruits de robots; sur l'établi, en tablier, les casseroles et boite de conserves résonnent et s'amusent! On entend sourire la musique de Cage, ce malin compositeur décoiffant. 


Tom Mays / Nonsense / 14’ (2018) - Work in progress

De longues tenues dissonantes au micro pour les quatre chanteuses, envoûtantes et hypnotiques, des répercussions dans l'espace qui flotte, quelques montées en puissance des aigus et ce chant des voyelles et consonnes retentit savamment.Point virgule, point d'interrogation, pour une ponctuation joyeuse, fébrile sur le mode grammatical et syntaxique!Bel inventaire des termes pour un point de vue et de croix musicaux fabuleux. Point. Com !
Comme une poésie sonore, étirée dans le temps, livre ses sons et meurt petit à petit.

John Cage / Living Room Music / 6’ (1940)

Voix et percussions pour un ralliement, un rassemblement festifs de sons du quotidien: feu de tout bois, les matériaux du quotidien résonnent "Il était une fois", une bien belle histoire de sons et une chef, balayeuse qui joue au bâton et à la majorette. Catherine Bolzinger s'amuse et le tableau des quatre garçons et filles dans le vent est irrésistible!


Nikolet Burzyńska / Altered States of consciousness / 10’ (2017) - Création mondiale 

Une tribu de quatre percussionnistes dans une structure plus classique: frénésie, agitation, volume sonore puissant pour une transe musicale proche du rituel africain; puis c'est l'accalmie d'une boite à musique qui berce le final.

Le concert décoiffant  offre la visibilité d'un mariage réussi et audacieux où les partenaires se croisent, s'évitent, se rencontrent pour inventer de nouveaux espaces de création. La mise en scène où masculin et féminin déborde d'humour et d'énergie nous rendre très "cosy" une musique d'aujourd'hui qui n'a d'égale nulle part ailleurs que dans cette expérience unique, fantaisie débridée pour musiciens déjantés Cage fut ravi de ceci et sa voix, son rire qui sourd de la bande son nous font "vivre" dans cet appartement, comme il l'aurait fait, en peignoir, buvant son thé ave Cunningham, hilare et observateur à sa fenêtre des déplacements et circulations du monde.
Un petit rappel, et on se quitte enchanté,sur des tonalités , à louer les vertus d'un appartement peuplé de colocataires qui se sont trouvés!

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