Un duo, un "à deux voix" pour cette lecture-surprise des textes de Laurent Gaudé, un "enfant" du TNS, du temps où son maître pouvait être Gignoux et où son premier texte "Onysos le furieux"fut monté par Yannis Kokkos !
C'est donc dans cette émotion vive, proche et directe, qu'il nous adresse cette "nouvelle".
"Faire danser les ombres", un ouvrage sur la cruauté politique, très poétique dans l'éthique de son écriture, est entre autre une "référence" de son univers , actuel, prégnant, à vif.
Très ancré dans le récit sur l'Afrique et son histoire de souffrance, sur l'esclavage, "Le chant des sept tours" délivre un récit sur l'espace physique et mental de la maltraitance des esclaves par les maîtres, les tours étant ces étapes sordides, exécutées par les "captifs" autour de l'arbre sacré, l'arbre de l'oubli: cet esclavage qui tourne en bourrique et tue, achève ses chevaux et extermine des naufragés.
Avec Solange, c'est la mère, la fille qui se dévoilent dans cette poésie du "voyage" autant virtuel que charnel, présent, habité de sensations, celles des mots qui sourdent des lèvres de Rachida Brakti, discrètement éprise des mots, de la syntaxe, souple, flexible.
"Le secret de Paris"" c'est un hommage aux "baptisés des terrasses", ceux que les attentats ont affectés, tous ceux qui victimes des terrorismes sous toute forme, vivent sur le qui-vive.
Laurent Gaudé fait danser dans une dernière ronde mystique les disparus et les survivants, comme un devoir de mémoire pour les premiers et une reconnaissance au courage des seconds. C'est un message d'espoir à la reconstruction et à la vie renaissante.
Une belle rencontre pour un temps de lecture partagée, émouvante et structurante, paisible mais posant les jalons d'un engagement et d'un inflexion poétique sur l'aaujourd'hui que nous vivons, implacable.
Au TNS le 28 Mai dans le cadre de " l'autre saison"
- « Je veux une poésie qui s’écrive à hauteur d’hommes. Qui regarde le malheur dans les yeux et sache que dire la chute, c’est encore rester debout. Une poésie qui marche derrière la longue colonne des vaincus et qui porte en elle part égale de honte et de fraternité. Une poésie qui sache l’inégalité violente des hommes devant la voracité du malheur. »
- « Tu es Solange
Tout est à toi qui n’as rien
Et pourquoi pas la joie ?
La fierté d’être femme
Fille de mère nombreuse,
Indisciplinée au temps,
Affranchie,
Sœur des fougères qui plient
doucement sous le vent.
Solange,
La fille qui ouvre le ciel
Et rachète,
Par le simple déhanchement
de son sourire,
Nos vies indistinctes. »
« Et pourquoi pas la joie ? »,
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