mercredi 30 janvier 2019

"Beytna" : la cuisine en partage ! Sagrada Familia !


Dans Beytna, Omar Rajeh (Omar Rajeh - Maqamat) célèbre un rituel familial où hospitalité et nourriture jouent un rôle certain. Et c’est à un banquet que nous convie le chorégraphe libanais. Venus des quatre coins du monde, des artistes cuisinent et dansent, mangent et discutent. Quel rapport entretiennent-ils à la tradition et à l’art ? Quelles influences culturelles déterminent leur conception de l’art et leur savoir-faire ? Accompagnés par deux joueurs de oud, un bouzoukiste et un percussionniste, ils fêtent la diversité, et partagent avec vous leur repas.




Un immense plan de travail, "le piano" du chef, des chefs ou plutôt de la "chef" cuisinière aux "fourneaux" sur son établi ! Au travail donc, musiciens et danseurs opèrent en rythme le découpage des légumes, des herbes aromatiques...Un festin se prépare, gargantuesque dans ses proportions.Gigantesque: il faut dire que le public du Maillon est nombreux et friands de découvertes: ce soir là ce sera la gastronomie libanaise à l'ordre du jour! De ce plan de travail, se détache, un par un les danseurs de ce banquet acoutique et dansant. L'un plantureux et inspiré de la gestuelle africaine, enracinée au sol, l'autre félin, gracieux aux gestes tétaniques, syncopés en saccades: c'est Moonsuk Choi, tout de noir moulé dans un justaucorps, ondoyant de ses longs bras très électriques. Koen Augustijnen, lui , avec sa verve flamande s'en donne à coeur joie et oscille, vibre, se love dans ce bel environnement sonore, chaleureux, percussif à souhait.Le déroulé des opérations est simple, chacun regagne son poste autour de l'établi et assume sa tache dans une joyeuse convivialité. Les danseurs ponctuant de leur gestuelle personnelle ce rituel partageux, communion autour de la table ! Une danse de Koen avec un couteau de cuisine comme un chevalier barbare. Des calebasses sur l'établi comme de gros légumes à trancher....



Encore un solo très "flamenco" de Ziad Ahmadie pour succéder à la danse très ancrée de Anani Sanouvi. Des gestes somptueux, tranchés dans des envolées spatiales toujours terrestres!
Des portés magnétiques de Koen et Moonsuk, tête bêche, emportés par une délicatesse et une complicité de poids et mesure, remarquable. Au final de cette vision peu commune d'hommes au travail, une invitation au partage des mets: les spectateurs prennent le plateaut-repas dégustent les mets préparés devant leurs yeux alléchés par des parfums subtils de coriandre....Et pendant ce temps là, François Chaignaud se glisse dans la foule, et au sol trace de son corps élastique un parcours fracturé, le corps en tension, la chevelure défaite comme un "invité" surprise qui sèmerait un petit désordre!
Quelques solos encore, éparts, très proches de nous et une joute finale entre deux interprètes pour mieux stigmatiser l'échange, parfois rude aussi, entre les êtres!



Spectacle partageux, interactif, de proximité qui régale et enchante , exhale des fragrances libanaises délicates: le festin d'une Babette orientale, généreuse.
Comme un marché de couleurs savoureuses où il fait bon respirer odeurs et saveurs dans une convivialité qui n'appartient qu'au culte de la nourriture et de la "famille" unie autour de l'amour .
En bonne cum panis ! compagnie !

Au Maillon jusqu'au 1 Février

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