mardi 29 janvier 2019

"Les rois de la piste" : la muse de mauvaise réputation, pas si dance flore !


Dressing code ,taille XXL

"Outre les adeptes du dance floor, la piste de danse, reflet d’une société, fascine les chorégraphes. Les corps bougent, s’exposent, dévoilant les êtres et leur motivation qui varie du plaisir de danser à celui d’être vu. Dans Les rois de la piste, Thomas Lebrun s’empare avec jubilation de ces armes de séduction massives. Danses, musiques, modes et attitudes, humour, tout concourt à se donner des airs, à se jouer des apparences. Une pièce satirique aux accents crus et tendres."

C'est sur un petit mètre carré de surface fluorescente que vont se succéder, en galerie de portraits, en inventaire tonitruant, des figures croquignolesques de la vie.La vie funk !
Vie sur les planches, à batons rompus, sous les feux de la rampe d'une petite boite disco, habitée, fréquentée par une faune changeante, qui se costume, se déguise en ce quelle parait être Paraître en paradant tout simplement. Ils sont cinq à se métamorphoser devant nos yeux, passant d'un personnage à l'autre avec les mêmes corps. Homme ou femme, travestis ou dissimulés sous des accoutrements de pacotille, à demi nus, seuls ou avec d'autres. Roman photo à la "Nous-Deux" touchantes évocations d'errance, de paumés ou de brillants épouvantails de scène? Un des danseurs excelle dans le phrasé saccadé, syncopé des musiques qui soutiennent du début à la fin , le show, ce happening burlesque et distancié , portrait, panorama d'une micro-société mise à nue, exposée, sexe-posée sous les sunlight.
Émouvantes prestations désopilantes du chorégraphe-danseur Thomas Lebrun, petit bedon en poupe qui tient les feux de la rampe, jovial, débonnaire.. Pousses toi de là que je m'y mette: une concurrence déloyale s'installe entre ces passeurs de podium, Saine rivalité entre eux dévoilant chacun des caractères vécus comme une panoplie de destins tracés, formatés. Les gestes des uns et des autres bien au delà des stéréotypes du style de danse convenu. D'une envergure exaltante, l'un bat des ailes, l'autre se tord dans un fourreau, robe noire seyante, l'autre en hip-hopeur tout bleu...Les accessoires stigmatisant les origines sociales porteuses de sens.


Les corps sont anti canoniques, replets ou à la minceur angélique. Des gestes, postures ou attitudes irrévérencieuses, sexuellement bien affirmées, connotées et décelables sans difficultés. Pornographie joyeuse d'un joli bordel fréquentable, petite maison close de Monsieur Thomas, l'impostérieur !On se matte, on se touche, on se frotte dans ce carré des lombes , cette surface de réparation pours corps cabossés,où tout semble permis, le temps de l'exposition au soleil de ce dancing floor, ce saturday nicht fever de rien du tout mais fait de tous nos fantasmes assumés!
C'est touchant et troublant, plein de fureur et de tendresse, , de vielles peaux et de cellulite en transe, en danse! C'est du Brétecher avec ses anti héros avec Cellulite ou Agripine qui se mettraient à danser.
Ode à la joie de jouir de son corps grimé, costumé, travesti et mu par une gestuelle, qui reprise à l'unisson devient riche de rythmes et de frissons. Un trio désopilant de belles blondes à la frange tranchée, fait mouche: un quintette en slip noir et torses nus fait office de dernière scène de groupe, au delà de ses solitudes, ses rencontres improbables de corps décousus. On imagine le dressing en coulisse et la tension hors scène qui peut y régner....


Et l'on repart avec l'image d'un papillon plein de diamants épinglés sur son diadème et sur la coque de son sexe, comme une image de Meliès sortie d'un décor fabuleux de rêve!
Ce soir là, à Pôle Sud l'ambiance était à la surchauffe: salle comble pour ce chaud show réjouissant mais aussi plein de gravité et de sensibilité


A Pôle Sud les 29 et 30 Janvier

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