Ouverture du festival JAZZDOR qui cette année a bien "lieu", ce lieu, cet endroit où se crée, se produit, se façonne le jazz d'aujourd'hui bien en amont de la diffusion et programmation annuelle de concert!
SOPHIA DOMANCICH SOLO — ""LE GRAND JOUR"
FR Sophia Domancich est une des musiciennes les plus précieuses et secrètes de la scène jazz européenne. Passant du piano au Fender Rhodes avec une science instinctive de la dramaturgie, elle offre dans ce nouveau solo le versant à la fois le plus intimiste et expérimental de son univers. Avec cette musique du clair-obscur, toute en reflets fauves, fluide, lyrique et intensément mélodique, elle affirme avec une douce autorité sa fondamentale différence et son indéniable maturité artistique.
Alors la voici sur le plateau embrassant l'espace de sa silhouette frêle: elle va s'atteler à faire vivre du bout de ses doigts ses univers si personnels qui jouent entre acoustique et électronique, allant d'un "pupitre" à l'autre avec aisance et nonchalance...Va et vient entre deux claviers après de longues phrases thématiques, enrobée de sa chevelure dorée cendrée: thèmes et variations quelle développe à l'envi avec dextérité, fluidité: le piano tantôt serein, tantôt volumineux corps résonnant de percussions tactiles sur touches endiablées...Des mélodies naissantes se dessinent, se distinguent parfois aux accents furieux, toniques , nerveux, fébriles ou frappés virulents sur le clavier.Des répétitions rythmiques pour enivrer les sens qui peu à peu se glissent aisément dans un bain musical salvateur. Une interprète "discrète" et humble au service d'une inventivité et d'une générosité partagée.
+ PAPANOSH & ANDRÉ MINVIELLE — "PRÉVERT PARADE"
FR C’est au chanteur, scatteur, slameur et rappeur occitan, André Minvielle, que le groupe rouennais Papanosh a confié la tâche enthousiasmante de “faire entendre” l’accent inimitable de Prévert ! Mettant en scène les multiples niveaux de lecture de sa poésie à travers une musique organique, théâtrale, lyrique, pleine de surprises et de sautes d’humeur, ce projet mêlant audaces formalistes, tendresse et légèreté iconoclaste, fait de Prévert notre contemporain.
Les voici en "bande" des six pour un concert aux accents du poète Prévert que l'on va redécouvrir sous des aspects inédits: des textes mis en "musique" par les compositeurs du cru issus du groupe et c'est un vrai bonheur que de partager cet "esprit" Prévert en leur chaleureuse et joyeuse compagnie. Air de fête, air de nostalgie ou de douleur comme c'est le cas pour le morceaux d'ouverture "Citroen" au quai de Javel dur à avaler!Hommage à Paris-chérie du poète, la ville lumière ou la ville de l'exil avec des instruments d'arte povera très émouvants Vagabond ou clochard des temps passés, Minvielle excelle dans l'évocation des époques reculées en les rendant très actuelles. Sensible et touchant interprète à la voix frisant Nougaro ou Aznavour pour ne pas les citer en référence de leur côté "jazz". Les petits plats dans les grands pour évoquer la société qui se fout du pauvre, la forêt qu'on déboise aussi faute de respect et de considération de l'Arbre..."Amiral", "Quartier libre"comme compositions "fait maison" du plus bel effet sonore et sémantique. Les "paroles", le "fatras" et autres "inventaires" pour ne pas taire la réalité par le biais de la poésie. Prévert rencontre Papanosh et André Minvielle" et le bonheur est dans le pré vert....En chorale aussi, en inter-action avec le public qui joue le jeu et s'adonne à fredonner les numéros des rois de France: c'est festif, drôle, plein d'humour, les instruments se transformant en fanfare, en cirque de fortune bien relevé, au gout de partage et de lucidité. Souffle, frottements de mains, le tableau est riche en images ludiques sur le plateau qui s'anime par ces timbres vocaux ou instrumentaux qui se rient des conventions.Étranges étrangers, rues de Paris, Pantruche ou Paname en fête ou en désarroi, ainsi se brosse des portraits, des ambiances uniques et volubiles. Ca sent le parfum de la créativité, de la ré-création, du simple bonheur de se retrouver sur les planches et sur le pavé! Et les musiciens de rivaliser avec les mots, le virelangue et calembours de Jacques: citons au piano, Sébastien Palis plein de musicalité, Quentin Ghomari trompette et trombone au poing,Thibaud Cellier à la contrebasse, Raphael Quenehen au saxophone et Jérémie Piazza à la batterie!Que de belles "paroles" pour un "inventaire"plein de bonnes attentions!
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