Pour fêter ses vingt ans, le TAPS a choisi de vous proposer un spectacle dans la lignée de ce qui compose ses saisons : la mise en scène d’un texte d’auteur vivant. Pour ce faire, il a passé commande à Thierry Simon. La thématique des vingt ans s’est bien évidemment imposée, sans qu’elle soit axée sur l’anniversaire d’un théâtre mais plutôt sur l’inspiration libre de l’auteur à cette évocation. Sur scène, les huit personnages seront joués par des artistes associés, présents ou passés, du TAPS.
Un groupe d’anciens activistes altermondialistes se retrouve vingt ans après sa dernière action, dans la vieille maison de montagne qui lui servait de base arrière. Depuis lors, chacun a suivi son chemin en s’éloignant plus ou moins de ce qui avait fait le ciment de leur union. Certains d’entre eux ont continué à se voir, d’autres ont perdu tout contact. La vie a suivi son cours. Que reste-il de ce passé, de ces liens tissés, de ces idéaux qui donnaient foi et espérance en un monde meilleur ?
La vie d'avant, la vie d'après....
Un décor de bois, de lambris, l'intérieur d'une chaleureuse cahute avec mezzanine d'un confort rustre mais accueillant: l'antre d'une "clique" qui va s'y retrouver, vingt ans après...On y franchit le seuil avec émotion, curiosité, inquiétude mais aussi désir et impatience: celle d'un rendez-vous inventé pour se rejoindre, se regarder, s'observer, mais aussi se souvenir, se remémorer, se réinventer aussi le temps d'échanges, de retrouvailles...Le "bon temps"? Sans doute mais "pas que" !Celui des scènes que l'on se repasse comme un bon film ou un nanar: était-on sincère, amoureux, attiré, détestable ou hypocrite, soudés ou polémiques...Chacun s'y confie, en solo très réussi alors qu'une mélodie de piano ponctue les états d'âme et de corps, tandis que le groupe se ressoude ou se désaccorde à l'envi, se chamaille ou s'étripe, se contredit, se contrarie jusqu'au rire ou aux larmes. C'est le gâteau de Zélie qui sera le morceau de bravoure, la part d'amour, d'affection, de joie et de partage, la tranche de vie et cerise sur le même gâteau, la réjouissance d'avouer qu'il était bon ou infect avec trop de beurre! Mais comme tout le reste on ne s'est pas tout dit à l'époque du militantisme, du 11 Septembre 2001, du G8 et de tous les combats écologistes avant l'heure. Branle bas de combat où les intrigues vont s'insaller, se disputer la vedette ou le souvenir.Chaque personnage a son caractère, sa couleur, sa texture, ses convictions qu'il défend à corps et à cri ou avec discrétion: mais un vent de tempête souffle toujours même si la lassitude est évoquée, comme fatalité. On oscille de 2001 à 2021 avec aisance, franchissant la ligne d'arrivée tous ensemble autour d'une bonne table où l'on attend le dernier; celui qui ne viendra pas, que le destin a écarté de ses retrouvailles...Ou perdus dans la forêt dans le noir, braquant deux lampes de poche pour mieux se remémorer un amour caché. Entonnant à capella la fin d'une chanson enregistrée sur une vieille K7...C'est tendre et virulent, jamais nostalgique ou lénifiant, brut et joyeux, jovial et cru, toujours très humain et sans fausse note de gout ni de couleurs! Le texte va son chemin, dialogues et monologues vifs et sensibles: chacun y a sa place, sa sensibilité et ce microcosme, tribu d'affinité électives est séduisant et touche. En empathie avec chacun à des instants différents, laissant poindre la finesse d'une écriture efficace, ciblée, musicale et très rythmée, appuyée par une mise en scène judicieuse: le décor aidant à se rapprocher d'eux parmi la modestie et frugalité des ambitions: festoyer en impliquant le public sans s'approprier la paternité du projet TAPS. Toute une famille éclatée, impliquée, partageuse comme leur idéal politique d'agora, de civisme, de soulèvement, d'implication! Entre théâtre et réalité tout se confond et bascule aisément de sorte que l'on fête avec tous ces protagonistes la jubilation de ses retrouvailles que l'on souhaite vivre encore bien des lustres! Longue vie au TAPS et à tous ses inventeurs et fabricants de rêves accessibles et bien vivants.
"Thierry Simon nous fait remonter le temps en leur compagnie et de leurs histoires mêlées naît la peinture forte et drôle d’une humanité en quête de sens."
Mise en scène Olivier Chapelet
Avec Cécile Gheerbrant, Pascale Jaeggy, Catherine Javaloyès, Aude Koegler, Pascale Lequesne, Pauline Leurent, Raphaël Scheer, Yann Siptrott
Scénographie Emmanuelle Bischoff
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