vendredi 4 février 2022

"Dialogues" par l'OPS : la clarinette en majesté ! Dialogues, ça va de source...

 


Dans ce concert construit sur mesure pour Jérôme Comte, il peut déployer tout son talent et mettre en évidence la virtuosité de sa clarinette. Elle se teinte de sonorités inventives, d’ambiances contemporaines, non exemptes de références au passé. Dédicataire de l’œuvre de Philippe Hurel, il trouve dans la pièce de Jörg Widmann, compositeur également clarinettiste, un langage ardu dont il se joue avec bonheur. La Symphonie n°7 de Ludwig van Beethoven et son incroyable Allegretto concluent… avec brio. PHILIPPE HUREL

JÖRG WIDMANN Con brio, ouverture de concert d’après Beethoven

Une attaque en règle pour amorcer un aspect quasi symphonique à l'ensemble de l'orchestre, timbales et baguettes judicieusement amorçant des sons et un bruitage percussif original.Souffles ténus des vents puis fulgurances fugaces des sons:tout concourt au contraste d'ambiances qui basculent et forme une sorte de canopée sonore enveloppante, protectrice, architecture d'urgence pour pièce pressée.Vive, enjouée, relevée d'aigus stridents qui tendent vers un crescendo de l'ensemble orchestral.Le rythme endiablé, déferlantes vibrations des cordes pour cerner une atmosphère magistrale, triomphante et tempétueuse.Le légato, large climax reposant pour une accalmie soudaine qui vient rompre le zénith et l'apogée musicale de la pièce!

 

PHILIPPE HUREL Quelques traces dans l’air

La clarinette s'impose soutenue par les cordes et "le vent c'est bien dans ses cordes" pourrait-on dire en observant le jeu de Jérôme Comte, soliste largement porté par l'orchestre.Une atmosphère étrange, suspendue à la tenue des notes et durées s'installe, périlleuse ambiance, fragile: la clarinette émerge sans cesse comme sortant d'une plongée en apnée, elle s'infiltre dans la masse sonore, dans ses failles, jaillit dans la fluidité des sons, des vagues, flux et reflux discontinus.Des coups de becs secs des clapets, des sursauts en élévation dans une distinction précise, ciselée, élégante comme "ornement" très efficace.Une becquée sonore bordée de fréquences et vibrations aiguës pour créer un paysage large, flottant, aérien, planant dans l'éther en suspension...Dans un solo virtuose, le clarinettiste délivre silences et rebondissements, calme et sérénité qui insuffle à l'oeuvre un aspect d'apesanteur, de légèreté faite de dissonances, pour un chatoyant ensemble, pétillant, rayonnant.Fusion, éclats des timbres pour mieux surprendre et tenir en affut à l'écoute de cette pièce portée par Jérôme Comte avec brio et sincérité.En bis, un solo enchanteur dédié au public!

 LUDWIG VAN BEETHOVEN Symphonie n°7 en la majeur

C'est la flamboyance des masses sonores qui introduit cette symphonie à l'ambiance funèbre et recueillie, très nuancée, paisible, délicate, autant que fougueuse et sans retenue. Le chef s'y révèle dans une gestuelle, animant de dos tout son corps impliqué: appuis, reculs, vibrations de la tête, gestuelle efficace, fougueuse et directions du buste à variations multiples, impressionnantes.Dans la reprise virevoltante qui suit, enjouée, puissante et colorée, il semble façonner la musique, sculpte l'espace, danse sa partition invisible, dissocié, sagital, animé de secousses, la chevelure touffue en résonance.Dosé, précis, attentif, en quasi automate baroque Aziz Shokhakimov jubile dans des attaque et postures d'escrimeur, fendu en tierce, perle rare tétanique en robotique pantin en majesté. Épreuve de force que la direction de cette oeuvre turbulente, très connue Son corps musical engagé en accord et complicité avec l'orchestre. Incisif et tranchant directeur musical pour interpréter une oeuvre mégalomaniaque et vivifiante.

Une soirée qui tisse les liens subtils et nous prouve que les influences, sources et créativité font bon ménage et révèlent surprises et imaginaire bien salvateurs!

 Jérôme COMTE, clarinette Aziz SHOKHAKIMOV, direction  

CONFÉRENCE D'AVANT-CONCERT jeudi 3 février à 19h 

Palais de la Musique et des Congrès - Salle Marie Jaëll 

CINQ CONCERTOS : LE SOLISTE AUGMENTÉ avec Philippe Hurel 

Lire "La  clarinette" de vassilis alexandris"


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