lundi 21 février 2022

"Humano" et "Intimo": cinquième biennale d'art flamenco: des hommes aux postures libres......


 Après le succès de ¡ Fandango !, duo avec le chanteur David Lagos présenté lors de la dernière Biennale d'art flamenco, et Imperfecto, nouvelle création pour laquelle ses pas de flamenco s'entremêlent au hip hop de Jann Gallois, David Coria vous offre sa performance, Humano, en accès libre dans le Foyer de la danse.

Un solo intense dans l'arène du foyer où il s'offre en proie aux regards circulaires, le danseur s'installe, attribue à chaque objet sa destinée et façonne un épouvantail curieux,et menaçant à son effigie peut-être...Avatar ou partenaire...? Puis s'empare du plateau, au sol, frappant les rythmes de tout son corps en désobéissance totale aux lois du genre flamenco, surtout pour les hommes si glorieux à la verticale! La danse est puissante et profonde, altière ou terrestre, toujours sobre et mesurée, mise en espace judicieusement sous tous les angles.Il est présent et se joue des rythmes complexes et savants avec jubilation contenue, vécue, tremblante de passion à fleur de peau. On le suit dans son parcours quasi à l'aveugle, masqué par un sac de papier kraft qui lui confère un côté surréalisme et cubiste très étrange. La danse est reine, le jeu d'acteur, convaincant et en 20 minutes à peine preuve est faite que l'on attend la suite et le développement de cette esquisse avec impatience et curiosité! .

 


Le danseur Farruquito et ses six musiciens racontent, dans une atmosphère intimiste, les origines et l’histoire du flamenco. La danse dans son état le plus pur.

Si le bailaor Juan Manuel Montoya est surnommé Farruquito, c’est en l’honneur de son grand-père, l’illustre Farruco, dont il a à l’évidence hérité des dons exceptionnels. Son autre surnom, El Capitan, dit la place majeure qu’occupe désormais cet artiste émérite, révélé au grand public en 1995 par le film Flamenco de Carlos Saura. Depuis plus de vingt ans, au fil de spectacles souvent créés « en famille », il a conquis une renommée internationale et séduit par sa danse à la fois authentique et raffinée même les plus rétifs au charme du duende. Íntimo, qu’il interprète en solo accompagné de ses musiciens fétiches, plonge en six séquences, de la seguiriya à l’exaltante fin de fiesta, au cœur de l’histoire et des traditions flamenca. Un voyage éblouissant au cours duquel le Maestro revisite sa propre identité.

Et la musique, le chant s'invitent sur la scène immense pour convoquer l'apparition très attendue du "démiurge" du genre flamenco contemporain, plein de respect, d'audaces et de petites révolutions ténues dans la gestuelle et la mise en espace: celle du danseur autant que les musiciens Chanteuse de choc, c'est Mari Vizarraga, féroce matrone tapageuse et virulente, madre tentaculaire, autoritaire à la voix tonique et puissante. Un personnage incontournable du spectacle de la star qui se laisse prendre  la vedette tant leur duo est puissant, féroce et hurleur!Bel exemple de bascule des rôles que l'on retrouve aussi chez les musiciens tenant tête à ces farouches personnages tirés de la légende. Les pas de Farruquito sont précis, mesurés, francs et percutants, toujours. Profils au corps, traversées ou parcours frontal en poupe, le voici roi du plateau tenant en haleine un public rivé sur lui...Une performance nuancée, très surprenante de modulations et d'outrages au bon sens flamenco. Sol et verticalité convoquées pour exprimer rage, amour; impatience, passion et ....douceur!De l'art de haut vol, de voltiges performantes en spirales et tours fulgurants, les yeux rivés au sol ou brandissant victorieusement sa passion, les bras ouverts en direction du public. Une star qui échappe aux canons classiques du genre pour s'effacer et laisser place aux musiciens...Deux costumes pour les deux parties distinctes, dignes d'une panoplie de toréador, très seyants pour son corps longiligne de toute rigueur et beauté: beauté du geste, liberté du mouvement en poupe. Des instants fulgurants et poétiques qui ne s'oublient pas et laissent des impacts forts, des empreintes vivaces dans les sens et sensations physiques qu'ils génèrent. Du grand art à coup sûr !

Au Théâtre national de la danse à Paris jusqu'au 18 Février.

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