mercredi 11 octobre 2023

Hugues Dufourt: oeuvres pour piano : qui va piano va sano ! De marche en marche, une ascension vertigineuse de sons magnifiés.

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A l’occasion du lancement du double CD dédié aux œuvres pour piano du compositeur Hugues Dufourt, la HEAR – Musique et le Conservatoire de Strasbourg s’associent pour célébrer le compositeur français de renommée internationale lors d’un concert exceptionnel en sa présence ce 11 octobre ! Six jeunes interprètes vous présenteront 4 de ses œuvres pour piano. Le Prélude op.45 de Chopin et Gesänge der Frühe de Schumann seront également donnés en son honneur, ainsi que le premier Klavierstücke D.946 de Schubert interprété par Amy Lin. Un concert – événement, ouvert à toutes et tous !

La HEAR – Musique et le Conservatoire de Strasbourg s’associent pour donner vie à ce concert d’œuvres pour piano du compositeur Hugues Dufourt. Musicologue, philosophe et compositeur français de musique contemporaine de renommée internationale, Hugues Dufourt est un pionnier du mouvement spectral. Compositeur d’honneur du festival Musica en 2019, il travaillait en 2021 et 2022 avec de jeunes pianistes de la HEAR – Musique et du Conservatoire lors de séances exceptionnelles organisées par Amy Lin, pianiste concertiste et professeur à l’Académie supérieure de musique de Strasbourg.
Cette collaboration exceptionnelle a donné lieu à l’enregistrement en juillet dernier de 9 œuvres, éditées sur 1 double CD grâce au précieux et indispensable soutien de mécènes, que nous remercions très chaleureusement !

Pianistes :

Manon Delort, Valentin Mansard, Kotoko Matsuda, Pierre Rouinvy, Vadim Saukin, Jasmin Zhang et Amy Lin

Programme :

Dufourt : Vent d’automne interprété par Vadim Saukin

De lentes respirations déroulent une atmosphère de mystère, de langueur en résonance: le son prend le temps de s'installer, de résonner, des silences ponctuent brièvement l'univers sonore ainsi créé. La vivacité s'empare de l'oeuvre en contraste et ouvre sur une conversation volubile, à deux, faite de contrastes, de questions, réponses, de réparties. Tel un dialogue à l'intérieur de soi, pour soi qui prend sa dimension conviviale. On y hausse le ton, s'affirme, se rétracte, réfléchit, donne la réplique. Des envolées percussives, des accalmies parsèment la composition, stricte et efficace. Les sons se catapultent en ricochets et ronds dans l'eau, où la musique prend le temps de se répandre, de s'étirer, en écho ou lentes avancées contrastées.

C 'est Chopin qui s’immisce dans le programme, en contrepoint ou symbiose judicieuse avec son  "Prélude op.45" joué par  Valentin Mansard. La langueur délicate, le fluide du déroulé de la musique en gammes ascensionnelles ou déclinantes, appellent à la méditation.


Suit l'opus de Hugues Dufourt, "Rastlose Liebe" joué par Jasmin An-Chen Zhang. Comme une course poursuite vive et accélérée avec ses assauts qui trébuchent, à bout de souffle. Comme des vagues en ressac incessant et opiniâtre. La dextérité, la vélocité de l'interprétation au plus près de l'esprit de l'oeuvre est impressionnante. Les mesures se répètent, se succèdent, volontaires_insistantes et se réitèrent de façon incessante. A Schumann de succéder avec ses "  Gesänge der Frühe (Chants de l’aube) op.113, n°1&4" joué par Pierre Rouinvy. Une balade nonchalante, appuyée, lente et pleine de grâce. Retour à Dufourt pour " La Fontaine de cuivre d’après Chardin" interprété par Manon Delort. L'amplitude, l'envergure des notes font vibrer l'espace à l'envi, vibrent et flottent en apesanteur. Le son s'allonge, s'étire, prend son temps comme inspiré, comme un panel étoffé de matériaux sonores explorés. En autant de déplacements d'un corps physique sonore, arpentant à pas lents les mesures rythmiques.

Schubert succède avec " Klavierstuck en mi-bémol, D.946 no.1" interprété par Amy Lin.. Dans un rythme affolant, une vitesse lumineuse source de grâce. Cette course affolée contraste avec des intonations de ressac de la mer dans le sable.
Au final de ce concert de nouveau Dufourt pour " La ligne gravissant la chute": au piano Kotoko Matsuda. Rythme lent, puissant, solennel avec les appuis toniques d'une marche lente.Les notes voyagent, ondes  qui se relaient, avancent vers une destination inconnue. Escapades rapides hors du droit chemin, hachées, pugnaces qui s'échappent et courent gagnant du terrain. En reprises acharnées, incessantes comme des images cinématographiques multipliées en répétitions obstinées. Des graves pour tenir une hauteur dense et puissante. Des sons en balance qui se répondent et rebondissent comme sur ces anciennes balançoires à deux places, face à face où seul le poids fait varier l'intensité et la hauteur. Notes déferlantes dans l'urgence de résonner en vibrations créant ainsi un paysage pictural post-impressionniste remarquable. On connait la passion du compositeur pour la peinture, la lumière, le cadre et sa musique en est empreintes, traces et signes des temps. Habitée, vécue par ces jeunes interprètes, l'oeuvre de Hugues Dufourt impressionne, imprime ses tonalités dans l'espace, transporté par l'instrument, les corps des interprètes, l'esprit de la musique.

 Réunis autour, avec  Dufourt, Schumann, Schubert,et Chopin font écho à cette marche-démarche auscultant autant la lenteur que la vitesse en alternance pour créer des univers d'urgence autant que de sérénité contemplative.

 

Le double CD “Complete works for piano solo I Hugues DUFOURT” vient couronner deux années de travail ponctuées de masterclasses sous la direction du compositeur, réunissant 6 étudiant·es de la HEAR-Musique et 1 élève du Conservatoire de Strasbourg – représentant 6 nationalités, auprès de leur professeur·e Amy Lin.
Sa sortie est prévue très prochainement, dans18 pays et sur toutes les plateformes.

 
Cité de la musique et de la Danse
Strasbourg
 
Mercredi 11 octobre 2023 

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