Contrairement à Mozart, Berlioz, Verdi ou Fauré, qui écrivirent des requiem latins, Brahms choisit de composer un Requiem allemand, c’est-à-dire non pas une messe des morts mais une méditation sur le devenir de l’Homme dans l’au-delà. Il choisit lui-même une série de textes dans la traduction allemande de la Bible, et imagina une vaste partition pleine de foi d’où les accents de terreur sont bannis.Ébauchée en 1856, au moment de la mort de Schumann, l’œuvre fut créée en 1869 ; Brahms y laissa infuser le temps, preuve de la confiance qu’il mettait dans sa propre inspiration et dans la clémence de Dieu qui baigne la partition tout entière. Le timbre lumineux de Pretty Yende et la noblesse de Ludovic Tézier sont ici les voix de l’apaisement.
Impressionnante entrée des membres du choeur de l'Orchestre de Paris qui remplit l'estrade lentement et s'installe pour interpréter ce morceau de bravoure et d'excellence qu'est "Le Requiem Allemand" de Brahms. Requiem, oratorio, ode funèbre ou cantate? L'office funèbre traditionnel semble bien loin...Sept mouvements pour magnifier et réinventer le genre. Un requiem "pour l'homme" universel et porteur d'un message de paix au final, empreint de magnificence, du brio du choeur qui exalte et semble frémir et jubiler de grandeur et d'émotions musicales. La masse sonore est dense et impressionnante, tantôt fine et sensible, tantôt grandiloquente et puissante. Contrastes qui font vivre et exister nuances et frontalité de la partition, sans égale. L'orchestre rivalise de présence et d'intensité alors que les deux solistes Pretty Yende et Ludovic Tézier animent cette ode de leurs interventions spirituelles et prégnantes. Des moments de pur bonheur, de concentration, dévotion et logique implacable à la fois sur le plan dramatique et harmonique. L'ovation du public attestait ce soir là de la très grande qualité musicale de l’exécution d'une oeuvre phare et emblématique qui demeure une référence de non conformisme et d'universalité d'un genre dévolu aux morts et à leur célébration. Ici l'humain exulte et frémit et s'adresse plus aux hommes qu'aux fidèles.Promesses de paix et de réconciliation au final qui met tout le monde au diapason.
Petite histoire
La création partielle d'Un Requiem Allemand a lieu en 1867, comprenant les trois premiers mouvements. Si les 2 premiers mouvements sont bien reçus, une monumentale gaffe du timbalier dans le 3e mouvement noie le succès prévu sous un déluge de protestations qui l'imputent au compositeur. Malgré ce coup d'essai peu satisfaisant, la première complète de l'oeuvre en 1868 sera chaleureusement reçue.Dans son choix de textes pour le Requiem allemand, Brahms se montre très désireux d'avoir un propos très large sur la mort, et sur la consolations à apporter aux vivants. D'où un texte plus spirituel que religieux. Le choix du 5e mouvement (composé en dernier), comprenant le verset "Je vous consolerai comme une mère console son enfant" tiré du livre d'Esaïe, fait également office de dédicace de Brahms à sa propre mère, dont la mort inspira son requiem. Brahms au reste, n'avait-il pas déclaré qu'il "supprimerait volontiers du titre le mot "allemand" pour le remplacer simplement par "humain" ?
Aziz SHOKHAKIMOV direction, Pretty YENDE soprano, Ludovic TÉZIER baryton, Chœur de l’Orchestre de Paris, Richard WILBERFORCE chef de chœur
Au PMC le 4 Juin
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire