Pierre di Sciullo - Enseigne "danse" - 2004 - Centre national de la danse à Pantin (Seine-Saint-Denis)
Enseigne posée sur le toit du bâtiment
Aluminium, 10 m x 3,5 m, néons
Aluminium, 10 m x 3,5 m, néons
La
réhabilitation de ce bâtiment de Jacques Kalisz par les architectes
Claire Guieysse et Antoinette Robain afin d'accueillir le Centre
national de la Danse a offert l'occasion de réaliser une commande
publique portant à la fois sur le mobilier, avec l'intervention de
Michelangelo Pistoletto, et sur la signalétique, réalisée par Pierre di
Sciullo. Pierre di Sciullo a ainsi créé une typographie de « lettres qui
dansent » (Minimum bing / Minimum bong) qui se décline dans tous les
espaces du bâtiment comme un signe et un appel à la danse. Cette
enseigne en métal rouge, reprenant le seul mot « danse », mais immense,
posé sur le toit de l'édifice, est une manière d'inscrire le CND dans la
ville. Les cinq lettres, en volume, sont en aluminium et se déploient
sur 10 m de long et jusqu'à 3,50 m de haut. Elles sont peintes en rouge
vermillon et se détachent avec impétuosité de la grisaille du bâtiment.
La nuit, éclairées en leur milieu par des néons, elles flamboient dans
le ciel comme une réponse irrévérencieuse (car dénuée de toute
inclination mercantile) aux enseignes publicitaires tapageuses qui
fleurissent autour d'elles. La police de caractères choisie - un Minimum
plancher redessiné - est celle qui correspond le mieux à ce besoin
d'élévation, à cette aspiration vers l'art et vers la création. Le mot
s'impose à la vue comme à l'esprit. Il claque dans le ciel comme une
exclamation joyeuse. Verbe à l'impératif plutôt que nom commun, il
convie habitants et passants à bouger, à découvrir, à entrer. Par sa
simplicité et son immédiateté, il est à la fois repère et manifeste.
[Extrait de Kinem -Chronique d'une commande publique en Ile-de-France].
L'artiste, Pierre di Sciullo
Né
en 1961, graphiste depuis 1984, Pierre di Sciullo a toujours mené de
front ses recherches graphiques et typographiques pour des clients
variés, en indépendant mais aussi à l'intérieur de structures
(collectifs de graphistes, agence de communication institutionnelle),
avec un goût prononcé pour l'édition et les projets hors-normes.
Parallèlement,
il édite de 1983 à 1997, la publication Qui? Résiste, une série de
manuels qu'il réalise seul, mêlant texte et images, où il expérimente
sur un thème déterminé des procédés d'écriture (citations, collage,
détournement) et des techniques graphiques variées. C'est dans ce cadre
expérimental qu'il commence à dessiner des polices de caractères : la
série des Minimum, une quarantaine de variations, en référence au
constructivisme russe, le Quantange, police
orthographico-phonético-plastique, le Basnoda, caractère pour palindrome
vertical, le Sintétik, pour des textes nettoyés de toutes les lettres
inutiles. Après avoir crée le Gararond en hommage irrévérencieux au
Garamond, il dessine l'Aligourane, cinq polices de caractère digital en
écriture touarègue, permettant aux hommes bleus d'accéder pleinement à
l'imprimé et à l'écran. Les polices expérimentales de Pierre di Sciullo
constituent des recherches sur la visibilité et la lecture d'une ironie
mordante par rapport à l'utopie typographique des années cinquante.
À Maastricht, en novembre 1995, il a reçu le prix Charles Nypels pour l'ensemble de sa production typographique.
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