lundi 15 septembre 2014

Danse de caractère: la police de Di Sciullo pour le CND Pantin

Quand la signalétique prend du caractère: une police visible pour cette ancien bureau de police mairie de Pantin réhabilité!
Pierre di Sciullo - Enseigne "danse" - 2004 - Centre national de la danse à Pantin (Seine-Saint-Denis)
L'oeuvre
Enseigne  posée sur le toit du bâtiment
 Aluminium, 10 m x 3,5 m, néons
La réhabilitation de ce bâtiment de Jacques Kalisz par les architectes Claire Guieysse et Antoinette Robain afin d'accueillir le Centre national de la Danse a offert l'occasion de réaliser une commande publique portant à la fois sur le mobilier, avec l'intervention de Michelangelo Pistoletto, et sur la signalétique, réalisée par Pierre di Sciullo. Pierre di Sciullo a ainsi créé une typographie de « lettres qui dansent » (Minimum bing / Minimum bong) qui se décline dans tous les espaces du bâtiment comme un signe et un appel à la danse. Cette enseigne en métal rouge, reprenant le seul mot « danse », mais immense, posé sur le toit de l'édifice, est une manière d'inscrire le CND dans la ville. Les cinq lettres, en volume, sont en aluminium et se déploient sur 10 m de long et jusqu'à 3,50 m de haut. Elles sont peintes en rouge vermillon et se détachent avec impétuosité de la grisaille du bâtiment. La nuit, éclairées en leur milieu par des néons, elles flamboient dans le ciel comme une réponse irrévérencieuse (car dénuée de toute inclination mercantile) aux enseignes publicitaires tapageuses qui fleurissent autour d'elles. La police de caractères choisie - un Minimum plancher redessiné - est celle qui correspond le mieux à ce besoin d'élévation, à cette aspiration vers l'art et vers la création. Le mot s'impose à la vue comme à l'esprit. Il claque dans le ciel comme une exclamation joyeuse. Verbe à l'impératif plutôt que nom commun, il convie habitants et passants à bouger, à découvrir, à entrer. Par sa simplicité et son immédiateté, il est à la fois repère et manifeste. [Extrait de Kinem -Chronique d'une commande publique en Ile-de-France].
L'artiste, Pierre di Sciullo
Né en 1961, graphiste depuis 1984, Pierre di Sciullo a toujours mené de front ses recherches graphiques et typographiques pour des clients variés, en indépendant mais aussi à l'intérieur de structures (collectifs de graphistes, agence de communication institutionnelle), avec un goût prononcé pour l'édition et les projets hors-normes.
 Parallèlement, il édite de 1983 à 1997, la publication Qui? Résiste, une série de manuels qu'il réalise seul, mêlant texte et images, où il expérimente sur un thème déterminé des procédés d'écriture (citations, collage, détournement) et des techniques graphiques variées. C'est dans ce cadre expérimental qu'il commence à dessiner des polices de caractères : la série des Minimum, une quarantaine de variations, en référence au constructivisme russe, le Quantange, police orthographico-phonético-plastique, le Basnoda, caractère pour palindrome vertical, le Sintétik, pour des textes nettoyés de toutes les lettres inutiles. Après avoir crée le Gararond en hommage irrévérencieux au Garamond, il dessine l'Aligourane, cinq polices de caractère digital en écriture touarègue, permettant aux hommes bleus d'accéder pleinement à l'imprimé et à l'écran. Les polices expérimentales de Pierre di Sciullo constituent des recherches sur la visibilité et la lecture d'une ironie mordante par rapport à l'utopie typographique  des années cinquante.
À Maastricht, en novembre 1995, il a reçu le prix Charles Nypels pour l'ensemble de sa production typographique.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire