« C’est une ville où le temps s’est arrêté. Elle a quelque chose de
biblique… » Figure de l’art vidéo doublée d’un infatigable
globe-trotter, Robert Cahen n’est pas du genre impressionnable, mais sa
découverte de Sanaa, la capitale du Yémen, en 2005, a été un choc. Ses
hautes maisons en briques crues qui s’élèvent sur plusieurs étages
défient les siècles avec leurs façades décorées de frises géométriques
aux portes et fenêtres surlignées en blanc de chaux.
Après "Sanaa, passages en noir" en 2007 vidéo qui a été filmée à Sanaa, capitale du Yemen, où des femmes voilées
de noir, passent dans une ruelle étroite, Robert Cahen revisite le Yémen. Le côté fugace mais répétitif
de l’image retravaillée donnait à la vidéo un caractère hypnotique que renforçait le choix de la musique : un extrait de La Passion selon St Jean
de Jean Sébastien Bach. Au-delà du travail sur
la notion de passage, l’artiste mettait déjà en scène un échange inattendu entre deux cultures.
la notion de passage, l’artiste mettait déjà en scène un échange inattendu entre deux cultures.
Salle comble dans la galerie d'art Apollonia pour une avant première du film documentaire du vidéaste plasticien Robert Cahen, bien connu et plébiscité pour son travail autant musical que visuel du monde par le truchement des espaces visuels vidéographiques.
Ici, oh surprise, un travail sobre et mesuré des espaces pour un voyage dans le Yémen encore "en paix" des années de ses escapades toujours périlleuses dans des contrées "exotiques", étranges, étrangères.Des images d'un pays qu'il va apprivoiser, qui va l'accueillir au regard de la discrétion et de la franchise de son attitude, de sa posture respectueuse vis à vis de ses habitants. Des scènes de vie traditionnelle, de la campagne chatoyante où les personnes sillonnent le territoire pour leur survie ou leur simple déplacements vitaux. Des instants "volés" ou "dérobés" en toute sérénité de scènes de marché, d'artisans au travail, ces "irons man" des petites rues étroites, de ces dealeurs de Qat, les feuilles miraculeuses que l'on mâche sans fin...Des visages surtout ou de beaux arrêts sur images fondus révèlent la confiance et l'abandon que lui confient chacune des rencontres fugaces et volatiles des instants capturés, captivants de ce "documentaire" inédit.Des femmes qui ondulent, toutes en noir dans les ruelles, des enfants traqués par la caméra qui courent dans les ruelles, des hommes immortalisés par l'image animée de toujours très belles et bonnes intentions et attentions de Robert Cahen. Beaucoup de tendresse et de respect, d'empathie avec un peuple bigarré aux visages à la peau lisse et noire, aux regards patients et ouverts à la rencontre avec notre artiste humain, très humain dont la douce voix vient parfois commenter les images. La musique, de Wagner,les bruits et sons du quotidien en direct étoffent le tout avec bienveillance et justesse. Robert Cahen signe ici un document rare et précieux sur les années "ensoleillées" du Yémen où semble déjà planer la menace de guerre.On ne badine pas avec cette réalité là et la poésie et la beauté de ces images brutes, les scènes de vie quotidiennes-ces chevreaux portés par des hommes dont c'est la tâche journalière-font un témoin incontournable de la vie au regard d'un artiste compatissant et communiant avec une population adoptée par la magie de son comportement aux antipodes d'un reportage à la" ushuaia" se déracinant les ailes !
Avant-première en présence de l'artiste le vendredi 28/01 à 19h à l'Espace Apollonia au 23 rue Boecklin 67000 Strasbourg
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