L’auteur et metteur en scène Lazare réinvente le
mythe de Psyché − jeune mortelle dont Cupidon, fils de la déesse Vénus,
s’éprend et rend amoureuse de lui en utilisant ses pouvoirs − pour
explorer ce qu’est le désir. En quoi est-il profond, factice ou dicté ?
Désir amoureux, désir d’appartenance, de reconnaissance, de possession,
de croyance, d’émancipation… Entre le vieux monde des dieux, des
mystères, et l’abstraction et les lois du nouveau monde, Psyché va
devoir trouver sa propre voie, son chemin d’être humain. Une multitude
de personnages habite cette fable contemporaine composée de rencontres,
de conflits, de poèmes, de solidarités, de chansons, d’élans de vie au
milieu du chaos.
Et si "la valeur n'attend pas le nombre des années", voilà bien ce qu'on se raconte en sortant de la version raccourcie du dernier spectacle signé Lazare...Un cocktail de dynamisme et de jeunes talents qui savent faire de la mythologie un désir profond d'actualité, de présence, de véracité ....au théâtre! Un premier clin d'oeil à Molière et nous voilà embarqués au pays des dieux et demi-dieux, sur la planète de la jalousie, du pouvoir, de la séduction. Vénus, Psyché, Cupidon, convoqués ici sur des gradins mobiles et une scénographie d'acrobates en herbes! Ce qui convient fort bien à cette génération de comédiens, aguerris à savoir tout faire: danser, chanter, virevolter en acrobates et honorer leur jeunesse dans une belle maturité scénique.Ils sont formidables, pétris de sentiments contrastés, drôles ou pathétiques...Il faut voir Cupidon boosté par la timidité ou l'ignorance juvénile, Paul Fougère tout de blanc vêtu, Ella Benoit en Psyché, star et vedette, pilier de la pièce qui n'a de cesse de chanter toute la palette de son rôle très diversifié...Et Vénus, désopilante beauté menacée de concurrence déloyale, de jalousie ou cupidité maladive:Laurie Bellanca, divine femme pailletée et tous les autres endossant de multi rôles qu'ils habitent et vivent au gré des changements multiples et parfois dérangent dans la compréhension des intrigues....Mais qu'à cela ne tienne, ce "grand bazar" enchante et séduit, ravit les adeptes d'un nouveau "music all" où tous interchangent et multiplient leur statu, plantent des personnages loufoques, attendrissants et rocambolesques...Deux heures de joie, de virulence, de punch où la musique est omniprésente et réunit des talents pluridisciplinaires, chers à Lazare: un comédien y sait tout faire et tout donner de lui: une bonne école buissonnière où le chemin de l'âne n'est pas tout tracé, où les surprises et rebondissements kafkaïens ou beckettiens ne cessent de fausser les pistes d'une trame linéaire Un orchestre soutient le tout, enjoué, sincère et efficace pour donner le la à cette communauté bigarrée et sympathique malgré la cruauté des personnages légendaires évoqués. "Chœur" dénudé de tout falbala, dénué de légèreté pourtant au cœur d'une création jeune, vive et pleine d'allant! Les costumes inspirés des caractères de chacun et des époques évoquées, sont d'une belle fantaisie rutilante: on y arbore la fraise où la courte crinoline, les paillettes ou les dos nus avec grâce et volupté! "Instamment": Instamment est significatif de rapidité dans l'action. Il est nécessaire de se dépêcher et de réaliser de suite ce qui a été demandé ...Dénudé, "oraculaire" vision d'un monde virtuel auquel on se confronte-d'autant plus en période de confinement- où Lazare écrit cette épopée, odyssée des dieux parmi nous, trempés dans un quotidien qui les déstabilisent de leur piédestal: en ronde-bosse: on fait le tour de ces sculptures déchues de leur socle. Simulacre de l'art contemporain où tout ce qui aurait du être surélevé, se retrouve au sol...Alors la suite bientôt pour de nouvelles aventures décoiffantes....
Lazare est auteur, metteur en scène, improvisateur. Avec sa compagnie Vita Nova, il crée ses textes (Solitaires Intempestifs) : une trilogie composée de Passé – je ne sais où, qui revient (2009), Au pied du mur sans porte (2011) et Rabah Robert – Touche ailleurs que là où tu es né (2012). Il crée, en 2014, Petits Contes d’amour et d’obscurité. Le public du TNS a pu voir Sombre Rivière en 2017 et Je m’appelle Ismaël en 2019, ainsi que l’atelier public mené avec les élèves du Groupe 44 sur Passé – je ne sais où, qui revient, en 2018. Il est artiste associé au TNS et a notamment initié le programme Troupe Avenir.
Au TNS jusqu'au 22 JANVIER
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