lundi 31 janvier 2022

"Karim à notre insu": le cas rime avec in situ: ici, là et maintenant ! Et en bonne "compagnie" ....

 


Dans le film comme dans la vie quotidienne à La Garande, Karim a trouvé sa place d’égal à égal avec ses nouveaux compagnons. Toutes et tous s’expriment dans le film, face caméra. Avec leurs mots, ils disent la vie sans mode d’emploi. Ils ne veulent rien démontrer, mais ils nous prouvent une chose essentielle : la puissance de la non-discrimination.

C'est un  miracle d'intégration que ce personnage de Karim, acteur et autiste que Rita Tatai doit au film "Karim, à notre insu", film documentaire signé par Françoise Schöller, une autre Strasbourgeoise.
Longtemps journaliste « Europe » à France Télévision, un temps présidente du Club de la Presse, Françoise a cofondé la Société 2 Caps Production fin 2014 pour devenir auteure-réalisatrice freelance au printemps 2020. Elle voulait « ne plus seulement raconter une histoire », mais « faire des choses qui aient du sens », « être dans le journalisme d’action ».


 

Elle a rencontré Rita et son fils après avoir lu "Moi Karim, je suis photographe", un ouvrage paru aux éditions strasbourgeoises Un bout de chemin, dirigées par Angelita Martins.Un texte de Rita y accompagne un choix de photos prises par Karim au gré de ses promenades dans la ville. S’y raconte leur vie menée ensemble, le verdict « handicapé mental » très tôt tombé, le diagnostic d’autisme posé à l’âge de 23 ans et la décision de sortir Karim des systèmes institutionnels tout simplement parce qu’il n’en pouvait plus.

Le film est à l'image des ambitions des protagonistes: incroyable témoignage burlesque et joyeux d'une communauté qui accueille sans préjugé un des leurs, mais "différent" et improbable, au comportement hors norme et soit disant ingérable. Tout commence à Strasbourg ou Rita Tatai dans son atelier de couture et costumes de scène se confie en voix off alors qu'elle pique et coud tissus, matières, bordures et lisières, ourlets et parures: toutes les métaphores des liens, sociaux, affectifs et humains d'une communauté. Mais elle y est seule comme cette mère jamais fataliste ni résignée qui cherche à faire grandir Karim et y parvient en dehors des institutions bienveillantes qui auraient pu "prendre en charge" son enfant Mais on n'oublie qu'un être humain n'est ni fardeau, ni poids, ni charge mais facteur de "transport", d'euphorie au sens étymologique. Saint Christophe, patron des voyageurs, des routiers serait ravi de voir que Karim embarque pour un beau voyage lors d'une ruse et d'un détournement extra-ordinaire. Il part à l'aventure, mis en confiance par un lien humain de franche camaraderie et s'y colle à ce déracinement de Strasbourg: audace, gageure, inconscience Un peu de tout cela pour l'équipe de tournage qui lui trouve une place, sa place dans un tournage professionnel où les consignes sont strictes et respectées.Les choses sont claires, stimulantes et bénéfiques: pas de compassion inutile ni de condescendance La réalité pour Karim qui est joyeux dans sa caravane privée, dans un environnement communautaire où l'on partage risque, quotidien, fiction et cinéma bien sur§ Mais qui joue et quoi, et à quoi? La fiction est aussi domaine de Karim qui ici peut exprimer son imagination et être témoin de comportement extravagants de ses amis comédiens La fantaisie lui sied à merveille, celle des autres, "grands enfants" et adultes responsables.Il n'est le jouet de personne et ses capacités sont boostées, son quotidien modifié au profit même de l'abandon de certaines de ses habitudes: coca-cola et sucreries n'ont plus de raison d'être au profit de la relation humaine, de l'action, non de la rumination Bien des psychiatres s'interrogent sur "l'être ensemble", celui des danseurs , de leur "cum-panis", compagnie, groupe, horde ou meute où tout se joue.  Les comédiens acteurs de cette magnifique rencontre au coeur de la Normandie, au creux d'une demeure authentique et chaleureuse jouent le jeu d'une équipe, comme dans leur profession et l'accueil, l'écoute, le respect autant que la bonne "autorité" sont de rigueur Naturelle et pleine de santé, de verve, d'humanité. Ce document filmé avec discrétion, humour, tact et audace est unique et atteste d'une "expérience" bénéfique qui "prouverait" qu'ensemble, bâtir et réaliser des projets est source de solidarité, solidité et rapports de confiance, distribués, consentis, mûris et bénéfiques pour tous...A notre insu, peut-être mais mûrement improvisé selon les lois du hasard, de la rencontre et de la sympathie. 

Le futur film fictionnel réalisé par Paul Gaillard, comédien -voir Biface actuellement au TNS- sera bientôt visible sur facebook: on y verra Karim, comédien à part entière, sur un pied d'égalité, jouant son rôle: un acteur , une étoile sont nés?

Un film écrit et réalisé par Françoise Schöller, en collaboration avec Solene Doerflinger.
Avec la participation magistrale de Karim Tatai - Karim TATAI photographe, de Rita Tataï et de la formidable bande la Garande.
Image : Solene Doerflinger & Christophe Busché
Son : Martin Sadoux - Grégoire Deslandes
Montage : Martin Mauvais
Musique originale : Pierre David
Prod : Blandine Besnard - Max Leneveu
Affiche : Nathalie Raminoson
KEREN Production en coproduction avec France 3 Alsace - Fanny Klipfel - Anne de Chalendar
Avec le soutien de la Rég

1 commentaires:

Unknown a dit…

Quelle belle et saisissante présentation de ce film! Venant de Geneviève cela n'étonne pas! Ceux qui auront envie de voir (ou revoir) le film pourront se connecter en fin de soirée le jeudi 17 février à Fr3 Grande Est.
Bonne vision! Et merci encore à Genviève pour son appréciation que je partage entièrement.

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