vendredi 9 février 2024

"Les chercheurs" Collectif La Fleur / Monika Gintersdorfer / Ordinateur: Système D, système Danse dans l'alphabet des gestes.

 


À l’initiative d’Ordinateur, célèbre danseur de coupé-décalé, le collectif La Fleur s’est allié à la metteuse en scène berlinoise Monika Gintersdorfer pour aborder par la scène le parcours de vie de jeunes danseur·euses venu·es d’Afrique. Arrivé·es en Europe pour développer leur art et trouver les moyens d’en vivre, ces expert·es des danses urbaines sont des stars au Gabon, au Congo-RDC ou en Côte d’Ivoire. Elles sont soudain plongées dans un monde nouveau où elles sont inconnues, dans lequel elles vont devoir « se chercher » et développer des « stratégies de cherchement » pour s’en sortir, en dépit des obstacles. Ces témoignages dansés, chantés, dits, rythmés, frappés, auxquels s’ajoute celui de l’artiste américain Mason Manning, sont des histoires de chicaneries administratives, d’ignorance, de racisme. Mais aussi d’espoir, de débrouille, d’énergie vitale, d’ironie et d’humour. S’affirmer comme artiste mais également comme être humain, tel est l’enjeu que déploient les sept danseur·euse·s avec une virtuosité époustouflante, et un sens évident pour la théâtralité.

Chacun cherche son chat. Et à la recherche du temps pas perdu voici un copié-collé digne d'un travail d'ordinateur...Coupez, c'est tourné! Quelle verve, quel entrain et quel talent de performeurs interprètes que ces six danseurs et musicien sur le plateau, une heure durant. C'est le style de chacun qui prime, introduit par le maitre de cérémonie, Monsieur Loyal de la partie. Ordinateur, ordonnateur de cet opus insolite, sorte de catalogue raisonné de danses africaines multiples. Du punch pour tous, les différences de mobilité, de vélocité et motricité pour chacun d'entre eux. Les deux femmes farouches défenseuses de leur droit à danser, aux formes généreuses dans de voluptueuses divagations, ondulantes, soyeuses. Les hommes, de plus petit au plus grand, stylés à la diable. L'un immense oiseau se déploie avec une envergure de bras impressionnante, dans un costume typé africain, les pieds mobiles et farouchement percutants. Une allure princière pour ce morceau de coupé-décalé virtuose. Les autres compères, complices de cette qualité de mouvements diffractée, segmentée, profilée à l'envi. Danse tonique et très architecturée, pleine d'humour aussi et de distanciation. La parole est présente et conte une petite parcelle de vie de chacun: vie d’exilé, d'immigrant, de "chercheur". Celui qui se déplace, se décale pour trouver son identité, garder son altérité. Les artistes du collectif La Fleur, sous la houlette, la baguette du grand Ordinateur, rivalise de virtuosité, de simplicité apparente de leur démonstration prestigieuse. Des instants chaleureux partagés. Au final le DJ musicien se prend un moment de silence pour esquisser quelques gestes souples et ondulants. Il a terminé sa prestation endiablée qui a soutenu tout le spectacle avec brio et empathie avec les danseurs noirs. Il est blanc, allemand, comparse et compagnon de route de cette tribu très animale, féline, le geste en poupe. Les duos qui parsèment le show en battles ou solo restent en mémoire: question-réponse de profil pour ces joutes, de bonimenteurss ou de danseurs. Recommandation officielle : défi. (À l'origine improvisée, elle est issue du milieu du rap et du hip-hop.) Alors le divertissement devient politique et civique dans une questionnement sur l'obtention d'un visa, d'un permis de séjour, d'une reconnaissance. Ils nous font "une Fleur" bien épanouie aux fragrances joyeuses et enthousiasmantes.

Arrivé·es en Europe pour développer leur art et trouver les moyens d’en vivre, ces expert·es (Ordinateur, La Petite Zota, Joel Tenda et Barro Dancer entre autres) des danses urbaines sont des stars au Gabon, au Congo-RDC ou en Côte d’Ivoire. Elles sont soudain plongées dans un monde nouveau où elles sont inconnues, dans lequel elles vont devoir « se chercher » et développer des « stratégies de cherchement » pour s’en sortir. Des histoires de chicaneries administratives, d’ignorance, de racisme, mais aussi d’espoir, de débrouille, d’énergie vitale, d’humour et de virtuosité époustouflante !

Au Maillon jusqu'au 9 Février



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