À partir d’un vocabulaire chorégraphique volontairement restreint, économe, Ayelen Parolin lance trois interprètes dans un étonnant jeu de rythme et de construction, à la fois répétitif et toujours mouvant, sans cesse redistribué, restructuré, ré-envisagé.Un jeu dont l’inachevé et le recommencement seraient les règles de base. Un jeu-labyrinthe.Un jeu musical… sans musique.Car dans SIMPLE, la chorégraphe s’est privée d’un de ses principaux partenaires de jeu. Et comme la musique n’est pas au rendez-vous, c’est aux corps qu’elle embarque sur scène de l’inventer, de l’imaginer, de la jouer. À la recherche d’une pulsation vitale. À trois, en complicité, en connivence. Avec la puissance et la sincérité profondément humaine de l’idiot, du naïf, de l’enfant – là où tout est (encore) possible, de l’insensé à l’onirique.
Comme un règlement de compte à Merce Cunningham, le trio affiche une danse très technique, pleine d'humour, de mimiques drolatiques, pleine de distanciation. Les couleurs du fond de scène, des justaucorps pourraient être de Rauschenberg, peu importe d'ailleurs, l'humour joue et gagne, les apparitions-disparitions se succèdent haut la main, le rythme est tenu alors que peu de matière est en jeu. C'est la magie des interprètes, excellents danseurs-comédiens dirigés par Ayelen Parolin qui fait le reste. L'un est effarouché, tremblant d'anxiété, l'autre sérieux et pince sans rire, le troisième est orgueilleux et cabotin. Trois caractères bien trempés. Des cavalcades chevaleresques comme leitmotiv, comme "dada" à chevaucher en canon, en décalé, à répétition.C'est un travail d'orfèvre qui se déroule à l'envi sans tambour ni trompette mais dans un ravissement-divertissement plein de musicalité, de percussions corporelles des pieds, entêtantes et redondantes, obsédantes. Un brin de trio classique comme s'il manquait une pièce au célèbre quatuor du Lac asséché, une citation musicale pour se familiariser avec ces Pieds Nickelés de la danse. Ils font des gaffes, se trompent ou simulent l'attente, l'erreur dans des poses ou changements de caps radicaux. De quoi bénéficier de tonalités, vibrations et mesures rythmiques, cadence et métronomie infernale. On y casse des planches fluo sur le dos de l'autre comme jeu de cette grande récré burlesque.Au final la batterie se fait jour de fête en orchestre de choc. Et le divertissement se termine sous les applaudissement du public, charmé par tant de drôlerie feinte, de "pince sans rire" que l'on aimerait serrer plus souvent.
A Pole Sud les 13 et 14 Février
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